Avec plus de 22,5 millions de cas confirmés et plus de 18 600 décès en 2020, la RDC porte 13,2% des cas et 11% des décès dus au paludisme dans le monde. Le programme national de lutte contre le paludisme ayant noté que cette maladie est une des premières causes de morbidité et de mortalité dans le pays, faire parvenir un vaccin pour la cause soulagerait, notamment pour les femmes enceinte et les enfants de moins de 5 ans.
La République Démocratique du Congo figure parmi les 12 pays africains où la demande en ce premier vaccin antipaludique est forte. Et elle partagera 18 millions de doses dans la période comprise entre 2023 et 2025 avec le Ghana, le Kenya et le Malawi, pays du programme de mise en œuvre de ce vaccin antipaludique ; ainsi que le Bénin, le Burkina Faso, le Burundi, le Cameroun, le Libéria, le Niger, l’Ouganda et la Sierra Leone, où les vaccins arrivent nouvellement.
Dans un communiqué conjoint de l’OMS, l’UNICEF et Gavi, l’Alliance du vaccin, il est mentionné que le déploiement de ce vaccin “RTS,S/AS01” est une étape cruciale dans la lutte contre l’une des principales causes de décès sur le continent africain.
"Le vaccin RTS,S/AS01 a été administré à plus de 1,7 million d’enfants au Ghana, au Kenya et au Malawi depuis 2019 et s’est avéré sûr et efficace, entraînant à la fois une réduction substantielle du paludisme grave et une baisse de la mortalité infantile. Au moins 28 pays africains ont exprimé leur intérêt à recevoir le vaccin contre le paludisme", peut-on lire dans le communiqué.
Depuis 2019, le Ghana, le Kenya et le Malawi fournissent le vaccin antipaludique dans le cadre du Programme de mise en œuvre du vaccin antipaludique (MVIP), coordonné par l’OMS et financé par Gavi, l’Alliance du Vaccin, le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme et Unitaid.
La RDC se doit d’introduire ce vaccin dans son programme de vaccination systématique pour la première fois. Ce cycle d’allocation utilise la fourniture de doses de vaccin disponibles à Gavi, Alliance du Vaccin via l’UNICEF. Les premières doses du vaccin devraient arriver au cours du dernier trimestre de l’année 2023 pour un déploiement d’ici début de 2024. L’allocation des vaccins est prévue de débuter dans les zones où les besoins sont les plus grands.
"Ce vaccin a le potentiel d’avoir un impact considérable dans la lutte contre le paludisme et, lorsqu’il est largement déployé parallèlement à d’autres interventions, il peut prévenir des dizaines de milliers de décès chaque année", a déclaré Thabani Maphosa, Directrice générale de la mise en œuvre des programmes nationaux chez Gavi, l’Alliance du Vaccin.
Dans la province du Kwilu, au sud-ouest de la RDC, durant l'année 2022, le taux de létalité du paludisme a été de 1,2% soit 903 décès enregistrés sur 74 900 hospitalisés. Au total, 1 126 907 cas de paludisme ont été recensés soit 1 040 467 cas de paludisme simple et 86 440 cas de paludisme grave. Et 553 052 enfants âgés de moins de 5 ans ont souffert de paludisme en 2022 dont 41 307 cas de paludisme grave.
Au Sud-Kivu, à l’Est de la RDC, pour le premier trimestre 2023, il y a eu 335.279 malades et 316.118 ont été pris en charge. Il y a eu 176 décès. En 2022, le nombre des patients atteints du paludisme était de 1.522.657 dont 997 sont décédés. Plus de 50.000 patients ont été pris en charge depuis août 2022, parmi eux plus de 92.000 enfants.
"La forte demande de vaccin et la forte portée de la vaccination des enfants augmenteront l’équité dans l’accès à la prévention du paludisme et sauveront de nombreuses jeunes vies. Nous travaillerons sans relâche pour augmenter l’offre jusqu’à ce que tous les enfants à risque y aient accès", a déclaré le Dr Kate O’Brien, Directeur du Département Vaccination, vaccins et produits biologiques à l’OMS.
La demande mondiale annuelle de vaccins antipaludiques est estimée à 40 à 60 millions de doses d’ici 2026 seulement, et à 80 à 100 millions de doses chaque année d’ici 2030. Outre le vaccin RTS,S/AS01, développé et produit par GSK, et fourni à l’avenir par Bharat Biotech, il est prévu qu’un deuxième vaccin, R21/Matrix-M, mis au point par l’Université d’Oxford et fabriqué par le Serum Institute of India (SII), pourrait également être préqualifié prochainement par l’OMS. Gavi a récemment présenté sa feuille de route pour soutenir l’augmentation de l’offre afin de répondre à la demande.
Emmanuel Kuzamba