Plus de 40 personnes ont été tuées vendredi dans de nouvelles attaques de villages attribuées à une milice communautaire en Ituri, province du nord-est de la République démocratique du Congo où les morts se comptent par dizaines presque chaque semaine, a-t-on appris de sources locales.
La milice Codeco (Coopérative pour le développement du Congo) est accusée de ces tueries survenues dans au moins trois villages du territoire de Djugu, à une soixantaine de km au nord de la capitale provinciale Bunia.
La Codeco est une milice de plusieurs milliers d'hommes qui affirme protéger la tribu Lendu face à une tribu rivale, les Hema, défendus par une autre milice, les "Zaïre".
"A Kilo Etat on a retrouvé 36 corps, à Matete 8 et à Itendey je n'ai pas encore de chiffre", a déclaré à l'AFP Innocent Matukadala, chef du secteur (entité administrative) de Banyali Kilo.
Selon lui, les miliciens Codeco ont attaqué à partir de 05H00 du matin et l'armée est intervenue trois heures plus tard.
Robert Basiloko, président de la société civile du même secteur, indique de son côté que 35 personnes ont été tuées à Kilo Etat - 5 enfants, 13 femmes et 17 hommes - et 8 à Matete. "Nous avons provisoirement 43 corps pour l'unique journée de ce vendredi dans le secteur de Banyali Kilo", a-t-il déploré.
"Chaque jour ce sont des morts, des morts, nous sommes fatigués", a-t-il dit, en précisant que d'autres personnes sont portées disparues, que des boutiques ont été pillées et des maisons incendiées.
Selon certaines sources sécuritaires dans la région, ces nouvelles tueries pourraient avoir été commises en représailles à une attaque de la milice Zaïre contre trois chefs Codeco, tués il y a trois jours.
Dans son dernier rapport trimestriel, publié le 27 mars, le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres avait estimé que 485 civils avaient été tués entre le 1er décembre et le 14 mars en Ituri, province en proie aux violences de plusieurs groupes armés, dont les Codeco.
Après une décennie d'accalmie, le conflit meurtrier dans la province riche en or entre Hema et Lendu a repris fin 2017, provoquant la fuite de plus d’un million et demi de personnes. En cinq ans, plusieurs milliers de civils ont été tués.
Le sud de l'Ituri, de même que le nord de la province voisine du Nord-Kivu, est aussi victime d'attaques répétées attribuées aux ADF (Forces démocratiques alliées), groupe armé d'origine ougandaise présenté par le groupe jihadiste Etat islamique comme sa branche en Afrique centrale.
AFP avec ACTUALITE.CD