Une accalmie s'observe ce jeudi 9 mars sur les lignes des fronts dans les territoires de Masisi et de Rutshuru (Nord-Kivu). Les sources dans toutes ces zones confirment qu'aucun tir n'a été entendu depuis le matin jusque dans la mi-journée. Les FARDC et le M23 gardent leurs positions. Cependant, la situation demeure imprévisible car le M23 veut toujours gagner du terrain.
Concernant le territoire de Masisi, où des affrontements ont eu lieu mercredi dans les collines surplombant Shasha et Kirotshe, à une dizaine de km de Sake, les armes se sont tues ce jeudi.
« Je suis vers Shasha. Je suis avec nos militaires. Il y a encore certaines populations ici. Aucun crépitement des balles depuis le matin. Nos militaires sont là. Même à Kirotshe, les activités se déroulent normalement. L'ennemi est loin de Shasha, à plus ou moins 10 km. Il est localisé au niveau de la colline Ngwingwe et Muremure-Kagoma. Il y a accalmie à Shasha et Kirotshe. Nos militaires sont là », témoigne un journaliste de Sake qui s'est rendu dans la zone.
Dans le territoire de Rutshuru, précisément dans la chefferie de Bwito, l'on parle également d’un calme apparent qui est observé.
« Nous sommes relativement bien. Depuis lundi 6 mars jusqu'à ce 9 mars, ils n'ont pas encore cédé la cité de Kibirizi. Ils continuent à tromper la vigilance de la communauté nationale, régionale et internationale disant qu'ils vont cesser le feu et se retirer », confirme un habitant de Bwito, aujourd'hui déplacé dans la région de Kanyabayonga.
Le M23 viserait le carré minier de Somikivu.
« À présent, ils sont en train de progresser pour voir comment ils vont conquérir la Somikivu (Société minière du Kivu). Ils voulaient exploiter illicitement les minerais qui s'y trouvent. Ils sont en train de progresser vers Kashalira et Ngoroba. Ngoroba, c'est à 10 km de la Somikivu. Nous alertons les autorités à pouvoir voir comment sécuriser et protéger aussi le chef-lieu de la chefferie de Bwito qui est Kikuku se trouvant proche de Somikivu, également Nyanzale qui n'est pas encore pris par ces terroristes du M23 », dit à ACTALITE.CD Chirac Mafula, porte-parole du parlement des jeunes dans la chefferie de Bwito.
Le chef de la chefferie de Bwito, Mwami Nyamulaga Kikandi III, plaide pour l'intervention urgente des autorités en vue de protéger les populations.
« La situation est compliquée. L'ennemi occupait avant, seulement trois groupements (Bambu, Tongo et Bishusha). Actuellement, il a pris le quatrième groupement dans les localités Kibirizi, Kirima et Kabanda. La population est en débandade. J'apprends que l'ennemi prend la direction de Somikivu. Même à Kanyabayonga, la situation est volatile. Nos forces se démènent mais il y a plus de politique dans ce qui se passe », dit ce chef coutumier .
L’avancée des rebelles du M23 provoque de nouveaux déplacements des populations. Une grande partie des déplacés se sont dirigés, les uns vers Vitshumbi, les autres sont encore sur les routes, dans différentes brousses, étant fatigués depuis lundi et se dirigent vers Walikale, Kanyabayonga-Bwito et d'autres vers Kanyabayonga-Lubero. D'autres progressent jusqu'à Kirumba et Butembo.
« La situation humanitaire demeure très préoccupante et nous alertons les autorités et les humanitaires à s'occuper de cette question », ajoute le chef de la chefferie de Bwito.
Les FARDC et le M23 devaient respecter le cessez-le-feu, dès mardi dernier à midi mais sur terrain, cette mesure décrétée par l’Angola qui assure la médiation entre le gouvernement et les rebelles, n’a pas été respectée.
Jonathan Kombi