Est de la RDC : Des femmes en colère dénoncent les violences dont elles sont victimes dans les zones occupées par les rebelles du M23

Illustration/Ph. ACTUALITE.CD

Une trentaine de femmes déplacées étaient dans la rue de Goma vendredi 17 février pour protester contre les violences dont elles font objet notamment dans les zones occupées par les rebelles du M23 ainsi que dans les camps des déplacés dans le territoire de Nyiragongo et dans la ville de Goma (Nord-kivu). 

“Nous sommes devenus un bouclier humain, les rebelles utilisent maintenant la violence comme arme en cette période de guerre”, a affirmé Neema Serutoke Claudine,  représentante des femmes déplacées.

“Nous avons documenté au moins 100 femmes violées dans des zones occupées par le M23. Nous sommes fatiguées de cette histoire, que les autorités restaurent la sécurité pour que nous rentrions chez nous et que nos enfants étudient dans de bonnes conditions”, a-t-elle plaidé.  

Des groupes de combattants du M23 avaient fait du porte-à-porte, après le massacre de Kishishe et Bambo (territoire de Rutshuru) en novembre dernier tuant sommairement tous les hommes adultes qu'ils trouvaient et soumettant des dizaines de femmes à des viols, y compris des viols collectifs. 

Plusieurs organisations ont documenté les exactions commises par les rebelles du M23. C’est entre autres Human Rights Watch. Ll’ONU a, dans son rapport, évoqué plusieurs cas de violences sexuelles dont sont auteurs les éléments du groupe rebelle. 

Il y’a également le rapport du Réseau contre le terrorisme en RDC (RCT), qui réunit près de cent cinquante organisations de la société civile. Son rapport établit que “le M23 a utilisé des enfants combattants, bombardé des biens à caractère civil, commis des meurtres, des viols, des détentions arbitraires, des tortures et autres exactions qui ont provoqué des déplacements forcés des populations à l’intérieur du pays et à l’étranger”.

Ce vendredi, Amnesty International publié un nouveau rapport qui accuse les rebelles du M23 d’avoir violé des dizaines de femmes. Ce que le M23 rejette en bloc arguant que les experts qui élaborent ces rapports n’ont jamais été sur le terrain pour les enquêtes.

“Aucun expert ne nous contredira qu’il y a des disparités dans les bilans. Human Rihts Watch dit ceci, Amnesty International dit cela, l’ONU dit encore autre chose. Ça veut dire quoi? Il n’y a pas eu d’enquêtes sérieuses parce qu’ils ne sont pas venus sur le terrain. Il faut voir le tâtonnement des chiffres. Est-ce qu’il peut y avoir plus de 60 femmes violées? Aucun de nos militaires ne peut être poussé à violer ces femmes. Nos militaires viennent de familles respectées et respectables. Nous avons des femmes et des enfants. C’est pour nous salir”, a réagi Willy Ngoma, porte-parole militaire de la rébellion.

M. Ngoma est d’ailleurs sous sanction de l'Union européenne. Selon l’UE, en raison de ses fonctions dirigeantes au sein de ce mouvement soutenu par Kigali, Willy Ngoma contribue, à travers ses fonctions, à l’instabilité et à l’insécurité en RDC.

Lire: Viols collectifs, tueries de porte-à-porte, un autre rapport accable le M23 et ses alliés

Yvonne Kapinga