Le pape François a terminé vendredi son séjour sur le sol congolais. Ses discours à Kinshasa feront date, sans doute. Il y a particulièrement ce message très virulent adressé à la communauté internationale, aux dirigeants et au peuple congolais dénonçant les violences et appelant à plus de responsabilité.
Dans son discours, Félix Tshisekedi n’a pas mâché ses mots. Il a dénoncé les puissances étrangères « avides de minerais congolais » qui bénéficient, d’après ses dires, de « l’appui direct et lâche » du Rwanda. Il avait tenu les mêmes propos la veille lors de la cérémonie d’échange de vœux avec le corps diplomatique accrédité à Kinshasa.
De son côté, le Pape a lui dénoncé « les méprisables tentatives de fragmentation du pays » causées par un réseau international de commerce illicite, un système, a-t-il dit, de prédation et d’exploitation des richesses minières de la RDC.
Il a déploré, « ces terribles formes d'exploitation, indignes de l'homme, un colonialisme économique qui s'est déchaîné dans ce pays largement pillé ».
Ce plaidoyer rejoint celui des plusieurs ONG et experts de la région qui dénoncent la faiblesse des mécanismes de traçabilité des minerais dits de sang qui rejoignent les marchés mondiaux en passant essentiellement par le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi.
Réputé pape des pauvres, François a également interpellé les autorités congolaises sur leur responsabilité. « Le pouvoir n'a de sens en effet que s'il devient service », a-t-il dit.
Le souverain pontife a aussi insisté sur la nécessité, pour l’actuel classe dirigeante, de favoriser des élections libres, transparentes et crédibles à la fin de cette année. Même s’il semble avoir fait la paix avec l’actuel pouvoir, les catholiques avaient contesté la victoire de Félix Tshisekedi à la présidentielle de 2018 et le processus de désignation l’année dernière des dirigeants de la CENI.