Les vidéos qui ont circulé dans les réseaux sociaux, montrant des scènes de violences contre des femmes et des jeunes filles n'ont pas laissé indifférentes les organisations de défense des droits des femmes dans la province du Maniema. Contactées par le Desk Femme d'Actualité.cd, des activistes parlent de leurs actions actuelles et prochaines.
"Au départ, nous avons appris que ces actes étaient posés à l'égard des jeunes filles et femmes qui ne respectaient pas le code vestimentaire imposé par la milice Mai Mai Malaika. Mais les images montrent que les femmes ne sont pas les seules victimes. Même des hommes sont sévèrement battus. Nous commençons à croire que les raisons sont toutes autres. (...) Ces actes sont cruels, inhumains, dégradants! Ces personnes donnent des coups de fouet aux femmes jusqu'à les dépouiller de leurs habits. Nous pensons sincèrement que les raisons ne sont pas celles qui ont été présentées au public", fustige Denise Zahera, gestionnaire des cas de violences basées sur le genre et violences sexuelles à Heal Africa dans le territoire de Kasongo.
Brigitte Kunda, membre de l'Association des femmes juristes congolaises (AFEJUCO) section Maniema dénonce des actes " d'insultes aux efforts de l'Etat de droit".
" Nous sommes en train de mobiliser les forces vives pour hausser la voix pour que justice soit faite à l'égard de toutes les victimes de ces actes atroces", ajoute-elle.
Des actions déjà entamées et en projection
Au niveau local, quelques actions ont déjà commencé à être posées en solidarité avec les victimes. En dehors des déclarations, les organisations féminines vont s'organiser pour des actions de grande envergure.
"J'ai rencontré au niveau de notre territoire, la Cheffe de division genre. Je lui ai fait la demande de lancer une réunion de toutes les associations féminines et des associations de la société civile pour que les discussions soient entamées en faveur de ces victimes. S'il faut que nous allions voir les autorités, c'est ce qui va être fait. S'il faut une déclaration officielle, nous allons également le faire. Aux autorités tant locales que nationales, je les appelle à intervenir au plus vite pour faire cesser ces atrocités. Nul n’est au-dessus de la loi", souligne Denise Zahera.
A Thérèse Batezi, de Action femme, une autre organisation, de renchérir " nous appelons les femmes à se rendre auprès de la justice et déposer une plainte. C'est ce qui va encourager les autorités judiciaires à trouver une solution plus rapidement et à nous de soutenir des actions judiciaires en leur faveur".
Dans un premier temps, les organisations ont commencé à documenter les cas et voir dans quelles mesures les victimes peuvent accéder à une prise en charge holistique. "La prochaine action consistera à rencontrer les autorités pour les pousser à agir", a précisé Brigitte Kunda.
A titre de rappel, en attente du processus de désarmement, deux factions rivales de la milice Malaika avaient signé en juillet 2021 un acte d’engagement pour la promotion de la paix à Salamabila, zone secouée par les violences armées. Les deux factions rivales sont celles du chef de guerre Souverain et de Kabala qui se sont déjà affrontées à plusieurs reprises dans le territoire de Kabambare après la scission de la milice Malaika.
Le sud de la province du Maniema connaît, depuis 2016, un activisme des groupes armés avec la présence de plusieurs factions de la milice Malaïka. Ce groupe armé, constitué des populations autochtones, mènent des attaques, tueries et kidnapping. Ils protestent contre le non-respect du cahier de charge signé avec Namoya Mining, filiale de Groupe Banro Corporation, une société de droit canadien. La firme a annoncé en Juin 2020 avoir vendu sa mine d’or de Namoya à Shomka Resources Ltd, dans laquelle la société chinoise Baiyin International Investments détient une participation minoritaire.
Prisca Lokale