Décès maternels : investir dans la contraception, une autre voie pour réduire le taux important de la mortalité maternelle en RDC

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À Kingabwa, une infirmière face à une cliente à la recherche des méthodes contraceptives

La mortalité maternelle demeure un enjeu crucial en République Démocratique du Congo selon le Programme national de santé de la reproduction (PNSR). Ayant souscrit aux objectifs de développement durable (ODD), le pays devrait voir son taux des décès infantiles ou liés à la maternité être réduit en dessous du seuil de deux chiffres, ce qui constitue l’un des impératifs à atteindre d’ici à 2030 précise l'UNFPA. Parmi les voies pour y arriver, le gouvernement doit investir dans l'accès à la contraception.   Lors de la célébration de le journée mondiale de la contraception, Jean-Jacques Mbungani, ministre de la santé publique a annoncé qu’un nouveau plan stratégique national de Planification Familiale 2021-2025 venait d’être lancé. « Sa mise en œuvre va garantir aux femmes et aux filles de la RDC un choix libre et informé en améliorant l'accès aux programmes de planification familiale volontaire et fondés sur les droits ».   Des chiffres alarmants   La RDC est l’un des pays ayant le ratio de la mortalité maternelle parmi les plus élevées au monde : 473 pour 100 000 naissances vivantes (année 2017). Avec ses partenaires dont l’UNFPA, le gouvernement estime que 4 femmes décèdent chaque heure des suites des complications liées à la grossesse ou à l’accouchement.   La branche des Nations Unies pour la santé de la reproduction (UNFPA) relève que les nombres élevés des grossesses précoces, grossesses trop rapprochées, grossesses trop nombreuses et trop tardives constituent un des facteurs de risques majeurs de décès maternels.   Publiés en septembre, les résultats de la troisième phase d’une enquête de performance monitoring for action sur la planification familiale (PMA 2020-2022), sont plus précis « le faible taux de prévalence contraceptive est l’une des causes de décès maternels au pays ».   Lire : La mortalité maternelle en RDC reste un enjeu crucial   Taux d’accès aux méthodes de contraception   En 2018, l'enquête Mics indiquait « 22,7% de femmes en RDC ont des besoins non satisfaits en matière de planification familiale ».    Entre 2020 et 2022, « parmi les femmes en âge de procréer au Kongo Central, l’utilisation des méthodes contraceptives modernes est passée de 24% à 29% pour les femmes en union. Les implants (45%) restent les méthodes les plus utilisées par les femmes mariées, tandis que la contraception d’urgence (30%) et les condoms (22%) constituent les méthodes les plus utilisées par les femmes non mariées et sexuellement actives. A Kinshasa, l’utilisation des méthodes contraceptives modernes est restée stationnaire entre 2020 et 2022, oscillant autour de 30% », mentionne le rapport PMA.   Contraception vs  mortalité maternelle   Dans l’une de ses récentes publications, l’Organisation mondiale de la santé indique que l’utilisation de la contraception protège les femmes, en particulier les adolescentes, des risques que peuvent représenter les grossesses pour leur santé. Et lorsque les naissances sont espacées de moins de deux ans, le taux de mortalité chez le nourrisson est supérieur de 45 % au taux de mortalité lorsque les naissances sont espacées de 2 à 3 ans. Ce taux est encore supérieur de 60% au taux de mortalité lorsqu’elles le sont de quatre ans ou plus. Le Plan Stratégique National Multisectoriel de la planification familiale 2021-2025 en RDC, s’est fixé comme objectif d’améliorer la prévalence contraceptive à au moins 30% à l’horizon 2030. Eugène Kongnyuy, représentant des partenaires en planification familiale de la RDC et représentant-résident de l’UNFPA a lancé l’appel à une mobilisation collective pour sa mise en œuvre.       « Nous sommes tous appelés à mobiliser plus des ressources pour la promotion de la planification familiale, l’amélioration de la couverture en services de PF en RDC, l’amélioration de la prestation et qualité des services de PF offerts aux populations, le renforcement de la chaîne d’approvisionnement en contraceptifs pour prévenir des risques de rupture de stock ou de surstockage consécutive de fois à une gestion irrationnelle de stock disponibles », a-t-il dit à l’occasion de la célébration de la journée mondiale de la contraception.    Body Ilonga, secrétaire général au ministère de la santé publique avait également plaidé auprès du 1er vice-président du sénat, autorité budgétaire et invité de marque à la publication du PMA pour la hausse du budget de la santé. Eddy Mundela a promis son implication en recommandant une demande formalisée.   Pour rappel, la RDC a célébré la journée mondiale de la contraception (JMC) 2022 autour du thème « accès sur la contraception saine et adaptée pour tous en RDC ».

Prisca Lokale