Essentiellement budgétaire, la session ordinaire de septembre 2022 s'ouvre ce jeudi en pleine cacophonie autour notamment de ce que perçoivent comme salaire, les députés mais aussi les autres animateurs des Institutions de la République. Le parlement, autorité budgétaire, va-t-il encore louper l'occasion de réduire le train de vie des institutions ?
Le débat a été relancé par l'opposant Martin Fayulu Madidi. Ce dernier a affirmé, via un communiqué, qu'un député national touche 21 000$ au titre de salaire. Ce chiffre a créé une polémique aux allures scandaleuses par comparaison à ce que touche un fonctionnaire de l'État par exemple.
Appelés à éclairer l'opinion publique sur la question, seuls les députés Delly Sesanga et Jean-Baptiste Muhindo Kasekwa ont déclaré que ce qu'ils percevaient pouvaient arriver au chiffre de 21 000$ allégué par Martin Fayulu.
Les institutions de la République coûtent chères au pays. Ce qu'avait dévoilé, en 2019, le député Delly Sesanga, qui, dès lors, s'était inscrit dans la ligne de la lutte pour la réduction du train de vie des Institutions de la République en commençant par l'Assemblée nationale, autorité budgétaire. Il avait dit que les Institutions de la République consommaient à elles seules, environ 70% du Budget national, handicapant ainsi l'investissement et le développement au pays.
Trois ans plus tard, un autre parlementaire a emboîté le pas. Il s'agit de Jean-Marc Kabund, alors 1er vice-président de l'Assemblée nationale. Il avait quitté le perchoir pour la tribune lors de l'examen du projet de loi de finances 2021 pour exiger également la réduction du train de vie des Institutions qui, selon lui, sont budgétivores. Il avait proposé que le fonds issus de cette réduction soit affecté au social de la population pour que le slogan "le peuple d'abord" soit une réalité. Aussi, une partie aiderait à renforcer le budget des FARDC qui sont aux fronts surtout dans la partie Est du pays menacée par plus d’une centaine de groupes armés locaux et étrangers. Cet appel n'a pas été suivi, par contre, le parlement s'est évertué à hausser encore les dotations des institutions. Ce qui a entraîné la hausse des salaires des animateurs des Institutions.
La situation est générale. Le gouvernement a semblé prendre conscience de la situation. C'est ce qui est ressorti de la réunion du conseil des ministres du 12 août 2022. Le Chef de l'État Félix Tshisekedi est revenu, une nouvelle fois, sur “la rationalisation des dépenses publiques” qui, insistait-il, passe impérativement par la réduction du train de vie des institutions publiques de façon à réduire substantiellement les dépenses courantes au profit des dépenses d'investissements sociaux et structurants.
En janvier, l’Observatoire de la Dépense Publique (ODEP) avait même publié des chiffres clés démontrant que le gouvernement Sama a échoué, en dépit de son vœu pieux, dans son projet de réduire le train de vie des institutions. Et cela ne concerne pas que le parlement. Les recettes additionnelles identifiées d’environ 2,9 milliards de dollars américains dans le cadre du collectif budgétaire ont été à plus de 80% affectées aux fonctionnent et rémunérations des institutions : Présidence (72,3 millions $) ; Primature (9,5 millions $) ; Assemblée nationale (27,5 millions $); Sénat (24,9 millions $), disait l’ODEP.
Au moment où s'ouvre la nouvelle session ordinaire de septembre essentiellement budgétaire, les parlementaires congolais vont-ils matérialiser la volonté de réduire le train de vie des institutions ? La réponse, c'est à la fin de la session censée se clôturer le 15 décembre prochain. Il s’agit de la dernière session parlementaire pour cette année.
Berith Yakitenge