RDC: où sont passés les FDLR cantonnés un moment dans mon diocèse à Kanyabayonga ? L’évêque catholique de Butembo-Beni questionne la Monusco

Les combattants FDLR cantonnés à l'époque à Kanyabayonga
Les combattants FDLR cantonnés à l'époque à Kanyabayonga

En marge des manifestations anti-Monusco dans les villes de l’est de la RDC, notamment Goma et Butembo, l’évêque du diocèse de Butembo-Beni déplore la gestion opaque par la mission onusienne de plusieurs questions sécuritaires. 

Mgr Sikuli Paluku Melchisédech évoque par exemple la question des FDLR, des combattants hutus rwandais réfugiés dans l’est du Congo au lendemain du génocide rwandais. Des centaines d’entre eux avaient été cantonnés pendant trois ans, avec l’appui de la Monusco, à Kanyabayonga (territoire de Lubero), dans le diocèse de Butembo-Beni, puis transférés en novembre 2018 dans la périphérie de Goma (Nord-Kivu). 

Dans une interview à la radio catholique Moto, il s’inquiète du fait qu’on n’ait plus des nouvelles au sujet de la suite réservée à cette affaire et déplore le fait que des officiels onusiens vont jusqu’à déclarer qu’il n’y a plus des rwandais au Congo-Kinshasa. 

« Lorsqu’on entend d'un agent de la Monusco, n'importe lequel qui n'y a plus des Rwandais au Congo, c'est un mensonge, parce qu'ils ne nous ont jamais répondu à la question de savoir où sont les FDLR que la Monusco par exemple a regroupé un moment donné à Kanyabayonga (sud de Lubero, ndlr) dans mon diocèse, et puis d'un moment donné on en parle plus et les massacres ne se sont intensifiés qu'après. En tout cas ce qui est sûr, ils ne sont pas rentrés au Rwanda parce qu'ils sont irrecevables là-bas. Donc ils se sont fondus dans le diocèse et au-delà », s’inquiète Mgr Sikuli Paluku Melchisédech.

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Le prélat catholique aborde également la question des Banyabwisha, ces immigrés Rwandophones venus, selon eux, de la région de Masisi au Nord-Kivu pour l’Ituri voisin, à la recherche des terres arables, mais qui sont accusés par plusieurs autochtones d’être impliqués dans les tueries des civils en territoire d’Irumu (Ituri). 

« Au-delà des FDLR, on ne parle pas de Banyabwisha en Ituri. D'où sont-ils venus ? Est-ce que la Monusco en est informée ou pas. Autant de questions, et pour autant que j'ai eu à les (les responsables de la Monusco, ndlr) rencontrer et qu'on a osé toucher une question comme celle-là, on n'a pas eu des réponses claires. On a dit que non, ça c'est un problème résolu, résolu comment ?», s’interroge-t-il.

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De retour d’Isiro (Haut-Uélé) où il a pris part à la célébration du jubilé d’argent de l’épiscopat de Mgr Janvier Kataka, son homologue du diocèse de Wamba, Mgr Sikuli Paluku Melchisédech a rencontré mercredi 27 juillet dernier une ville de Butembo en pleine manifestations contre la présence de la Monusco. Manifestations qui ont coûté, la veille de son arrivée, la vie à 13 personnes dont trois casques bleus et dix jeunes gens, selon un nouveau décompte.

Pour l’évêque du diocèse catholique de Butembo-Beni (Nord-Kivu), Mgr Sikuli Paluku Melchisédech, plaide pour l’évaluation des accords entre Kinshasa et l’ONU, relatifs à la présence de la Mission des Nations Unies en RDC (Monusco). 

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Claude Sengenya