Présence de la Monusco en RDC : l’évêque catholique de Butembo-Beni suggère une évaluation des accords entre Kinshasa et l’ONU pour éviter le pire

Un campement des casques bleus dans l'est de la RDC/Ph ACTUALITE.CD

L’évêque du diocèse catholique de Butembo-Beni (Nord-Kivu), Mgr Sikuli Paluku Melchisédech, plaide pour l’évaluation des accords entre Kinshasa et l’ONU, relatifs à la présence de la Mission des Nations Unies en RDC (Monusco). 

De retour d’Isiro (Haut-Uélé) où il a pris part à la célébration du jubilé d’argent de l’épiscopat de Mgr Janvier Kataka, son homologue du diocèse de Wamba, Mgr Sikuli Paluku Melchisédech a rencontré mercredi 27 juillet dernier une ville de Butembo en pleine manifestations contre la présence de la Monusco. Manifestations qui ont coûté la veille de son arrivée la vie à 12 personnes dont trois casques bleus et neuf jeunes gens.  

Pour Mgr Sikuli Paluku Melchisédech, au vu des revendications des populations, il y a nécessité qu’une évaluation se fasse au sommet pour éviter le pire. 

« On peut même imaginer le pire. Quand le verre est rempli, ça n’étonnerait pas qu’un jour on voit toute la cité, toute une cité qui se lève y compris les gens les plus insoupçonnés. Eux-mêmes pourraient juger. S’ils voient qu’ils n’ont plus de place ici, pourquoi ils resteraient ? Ils devraient pouvoir dire non, laissons quand même l’espace, on voit comment ça va se passer. Il ne faut pas qu’ils obligent la population à en arriver là. Ça devrait être quelque chose qui se fait selon les accords, donc une entente au sommet entre l’ONU et notre Etat (RDC, ndlr) », a déclaré Mgr Sikuli Paluku Melchisédech dans une interview à la radio catholique Moto. 

Selon lui, 20 ans depuis qu’ils sont au pays, les casques bleus peinent à remplir leur mission de protéger les civils.  

« Ils doivent faire régulièrement l’évaluation en tenant compte de ce que ce peuple, nous qui sommes ici, ce que nous endurons depuis plus de 20 ans qu’ils sont dans la région. Si on n’a pas vu des changements, est-ce qu’on doit les applaudir ? Les biens qu’ils ont faits, on les reconnaît, mais là où ils ont failli aussi on peut induire les souffrances qu’on continue à subir en dépit de ce qu’ils donnent comme définition de leur mission, la protection des civils. Les civils continuent à être tués, à être massacrés », s’est-il indigné.  

Mardi, des manifestations meurtrières ont vécu dans les villes de l'est de la République démocratique du Congo. Les manifestants, essentiellement des jeunes, accusaient les casques bleus d'inefficacité dans la lutte contre la centaine de groupes armés responsables du chaos dans lequel sont plongées les provinces de l'est du pays. 

En ville de Butembo, siège du diocèse catholique de Butembo-Beni et important carrefour commercial régional où 12 morts ont été recensés (trois Casques bleus et neuf manifestants), le calme est revenu. L'enterrement des victimes est prévu dans la journée. Jusqu’à la mi-journée, autorités et collectif des mouvements organisateurs des manif-anti-Monusco peinaient à s’accorder sur le lieu d’enterrement des victimes. Si les manifestants veulent les enterrer ensemble à l’esplanade Florida de MGL, dans un quartier huppé de la ville, pour une question de symbole de lutte et de mémoire, les autorités par contre veulent contourner ce piège et exigent que les manifestants soient enterrés à Kitatumba, un cimetière public de la ville. 

Des policiers viennent d’ailleurs de chasser des jeunes fossoyeurs à Florida. 

Des habitants craignent une nouvelle escalade de violences faute d’un compromis. Car des manifestants qui attendaient à la morgue de Matanda menacent de combiner la manifestation anti-Monusco avec une manifestation anti-état de siège. 

Claude Sengenya