RDC- situation au Nord-Kivu : « le dialogue avec les groupes armés n’a pas inclus les femmes », rappellent les ONGs

Les FARDC et les rebelles du M23 se sont affrontés ces derniers jours dans le Nord-Kivu. Ces combats interviennent en plein dialogue à Nairobi avec les groupes armés actifs dans l'Est du Congo. Que faut-il envisager pour consolider la paix ? Quels rôles doivent jouer les femmes en ce moment ?  Des activistes sociales ont répondu au Desk Femme. 

« Nous appelons les femmes à se mobiliser pour apporter des produits alimentaires aux militaires qui sont actuellement au front. Elles doivent prendre des initiatives, se réunir et monter des stratégies en lien avec ces actions sécuritaires», souligne Annie Pengele, point focal du Fonds pour les femmes congolaises à Goma.

Nombreux habitants qui ont résisté lors des combats de mardi se retrouvent obligés de vider le milieu. Ils trouvent refuge à Kibati, à Kanyaruchinya, dans une partie de Majengo. D'autres sont déjà dans des familles d'accueil à Goma. Le trafic entre Goma et Rutshuru est coupé au niveau de Kibumba. Tous les camions qui devaient se rendre dans la partie Nord de Goma sont bloqués au niveau de Kanyaruchinya.

Arlette Bashizi, une photographe qui passe ses journées dans les camps des déplacés décrit la situation. « Il n’y a pas encore une assistance à la disposition des familles. Le collectif GOMA Actif réfléchit à comment approvisionner les déplacés en eau potable. Une fondation a également apporté une citerne au courant de la journée d’hier », confie-t-elle depuis Kanyaruchinya.

« Le dialogue avec les groupes armés n’a pas inclus des femmes »

Adoptée par le Conseil de sécurité en octobre 2000, la résolution 1325 « Femme, Paix et Sécurité » recommande aux Etats membres de garantir la participation des femmes à tous les niveaux de prise des décisions en situation de conflits ou processus de paix. Cette résolution comporte quatre piliers: Participation, Prévention, Protection, Opérations de secours et efforts de redressement. Lors de la pandémie de Covid-19 (2020), la RDC a adopté le Plan d’action national deuxième génération de la résolution 1325 (PAN 2).

Cependant, fustige Annie Matundu, cette résolution n'a pas été respectée lors des dialogues avec les groupes armés lancés il y a quelques semaines à Nairobi. 

« Quel que soit le type de négociation en lien avec la paix, la 1325 recommande aux Etats de garantir une présence des femmes aux tables de négociations pour qu’elles jouent pleinement leur rôle dans la recherche et la consolidation de la paix. A Nairobi, il n’y a pas eu une participation effective des femmes. A l'heure où les combats ont repris, quels rôles doivent-elles jouer ? », s’interroge la présidente RDC de la ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté (Wilpf). 

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Pétronille Vaweka, experte en conflit, a été présidente de l’Assemblée spéciale intérimaire de l’Ituri, entre 1998 et 2008 sous l’occupation ougandaise. Son travail consistait à aller à la rencontre des groupes armés, solliciter un dialogue. En novembre 2020, elle déplorait l’indifférence des autorités congolaises sur la participation de la femme au processus de paix.

Aujourd’hui encore, elle estime que « des femmes peuvent émettre des propositions pratiques sur le processus de paix si elles participent aux tables des négociations. Les stratégies commencent avant que la guerre n’éclate et lorsque les armes s’arrêtent. Il va falloir intégrer le plus de femmes. En ce moment où les attaques se sont intensifiées, il faut de la solidarité ».

Pour rappel, les derniers affrontements ont eu lieu vers Kibumba, dans le territoire de Nyiragongo, au nord de Goma, mais aussi dans le territoire de Rutshuru, sur deux axes vers Bunagana, à la frontière ougandaise, et Rumangabo, base militaire où se trouve le quartier général du parc des Virunga. Cela a entraîné des déplacements massifs des populations. 

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Prisca Lokale