Slam : “ petit à petit, le flot des slameurs africains fait pleuvoir de l’aurore sur le continent …”, microMéga raconte son voyage artistique à Brazzaville

MicroMega à Brazzaville
microMEGA à Brazzaville/Ph. droits tiers

L’artiste slameur congolais microMéga revient d’un voyage artistique à Brazzaville, en République du Congo. Il a pris part, en tant que prestataire, à la première édition du festival Slamouv à la fin du mois d’avril dernier.

Dans cet entretien, il revient sur ses expériences pendant les cinq jours aussi bien dans le spectacle grand public que dans les ateliers avec les jeunes, l’évolution du slam, la dynamique, ses prochains projets.

ACTUALITÉ.CD : Avec quoi rentrez-vous à Kinshasa, en termes d’expérience de l’autre côté du fleuve ?

microMEGA : le renouvellement d’énergie. Car si l’effet de serre provoquant le réchauffement climatique est dangereux pour la terre, l’excès de vers provoquant le réchauffement poétique est plutôt propice à l’atmosphère du cœur.

Comment avez-vous trouvé votre passage à Brazzaville ? Les jeunes talents slameurs, la dynamique, la passion, y’en a-t-il autant ?

Oui la scène Slam à Brazzaville est très riche et dynamique, et les nouveaux talents apparaissent tous les jours. Il y a des collectifs comme Styl’oblique ou Plum’art qui ont servi des foyers efficaces pour la propagation du slam en République du Congo, car il n’y a pas que la ville de Brazzaville, le slam est aussi très actif dans d’autres villes comme Pointe-Noire, Dolisie, etc.

L’association Slamouraïl aussi, qui nous a invités dans le cadre de la première édition du Festival Slamouv, est une structure qui contribue à ce que le Slam reste debout au Congo-Brazzaville.

Concrètement, quelles activités avez-vous faites ? 

Il y a eu un atelier Slam que j’ai co-animé avec Nanda, slameuse Gabonaise. L’atelier a connu la participation d’une vingtaine de participant.e.s et a été riche de nos pratiques différentes, ainsi que de l’apport bien entendu de chaque participant. Un fait m’a beaucoup marqué pendant cet atelier, c’est la participation d’un non-voyant, qui était là et qui écrivait en braille, c’était ma première fois de vivre cela et je ne suis pas près de l’oublier.

D’ailleurs je me suis dit pourquoi pas des ateliers slam avec les non-voyants à Kin ? Il y a eu aussi des concerts slam, chacun son tour, et vraiment c’était des moments extraordinaires qui m’ont beaucoup enrichi.

Quid de votre prestation ?

Quant à ma prestation, elle s’est articulée autour de certains thèmes caractéristiques de ce qui nous unit en tant que slameurs Africains francophones. Il y a eu donc sur scène successivement : Scène slam, qui parle de nos scènes de slam en acapela comme à l’origine du slam ; Artiste Congolais, qui est une réflexion sur le statut d’artiste dans nos pays non développés ; Femme forte, pour rendre hommage à toutes les femmes, qui ont travaillé dur pour la réussite de Slamouv, particulièrement Mariusca, slameuse, initiatrice et directrice du Festival ; Je parle français, clin d’œil à cette belle langue que nous avons en commun ; et enfin un freestyle intitulé Mégamicro, juste pour le plaisir.

Peut-on dire que le slam est en train de gravir des échelons au niveau continental ?

Assurément, puisque Slamouv, ce nouveau festival de Slam, vient s’ajouter à ceux qui existent déjà au niveau du continent, apportant ainsi une nouvelle pierre à l’édifice de tous les efforts de la poésie urbaine africaine, et petit à petit le flot des slameuses et slameurs Africains fait pleuvoir de l’aurore sur le continent, car on sait bien qu’il n’y a pas d’avenir sans poésie.

Quels sont vos prochains projets et qu’en-est-il surtout de votre album qui tarde toujours à paraître ?

L’album tarde, oh vraiment ! (Rires !). Justement, c’est l’album, mon prochain projet, celui sur lequel je travaille maintenant. Il tarde peut-être encore un peu, mais j’espère qu’il ne va plus tarder, puisqu’on a déjà tout enregistré. Mais tu sais bien que les bonnes choses prennent toujours du temps (Rires !). J’ai aussi fini mon recueil de poèmes d’amour « Concentré sucré – Poèmes des poèmes ». J’espère aussi pouvoir le publier bientôt.

Quelles sont vos prochaines dates ?

Je reviendrai les annoncer, elles seront forcément en relation avec mon album et mon recueil, mais je prépare aussi un projet de spectacle intitulé « Politico-MélanComique », en rapport avec mes chroniques slam sur l’actualité.

Propos recueillis par Emmanuel Kuzamba