Interdiction des cadeaux et biens pendant la campagne électorale : pour le G13, il est temps de ne pas dispenser le gouvernement de sa responsabilité

Le G13 à l'Assemblée nationale
Le G13 à l'Assemblée nationale/Ph. droits tiers

Le Groupe des 13 personnalités politiques et sociales porteur de la proposition de loi portant révision de la loi électorale sous examen à l'Assemblée nationale a tenu à éclairer la représentation nationale sur l'une des innovations interdisant le partage de l'argent ou des biens pendant la campagne électorale.

Ces personnalités estiment qu'il est temps de revenir sur les fondamentaux de la fonction député national. Pour eux, accepter d'être jugé ou évalué sur base des réalisations sociales c'est une manière de tuer le pays mais aussi dispenser le gouvernement central de ses responsabilités.

"Le G13 exhorte les collègues à revenir aux fondamentaux de nos fonctions, nous devons légiférer et contrôler par altruisme nous avons consacré une pratique qui fait des élus des auxiliaires du gouvernement et chacun de nous comme il peut devient ministre provincial des infrastructures et travaux publics en construisant des ponts, ministre provincial de la santé en construisant des dispensaires, ministre provincial de l'agriculture en distribuant des intrants agricoles et j'en passe. Continuer à se faire élire sur cette base, c'est déprofesionnaliser la fonction de député qui est d'abord et avant tout un travail législatif et de contrôle. Accepter d'être évaluer sur base des réalisations sociales est une manière de tuer la République et  dispenser l'exécutif central de sa responsabilité", a dit Jean-Jacques Mamba, membre du G13 devant la représentation nationale ce lundi 2 mai 2022.

Dans le même registre, il justifie cette innovation par le fait qu'il faut lutter contre la corruption électorale, évitez d'installer une démocratie des riches mais aussi éviter que les Chefs des partis politiques représentés par le gouvernement soient tentés de détourner les fonds publics pour financer les campagnes électorales. 

"Lors des élections de 2018, nous avons vu des mandataires, des ministres en fonction utiliser les moyens de l'État dont les charrois automobiles et moyens financiers conséquents pour corrompre les électeurs lors de la campagne électorale sans être aucunement inquiéter. Dans un pays démocratique des telles pratiques ont des conséquences que le pays soit mal géré et lorsque le lien de rédevabilité est biaisé. Le cas échéant celui qui se résume à trouver à fournir au maximum de l'argent pour acheter les consciences donc cela s'apparente à détourner de l'argent de la population pendant que vous êtes en fonction et de le redistribuer de manière fragmentée pendant la campagne électorale pour continuer la prédation" a-t-il ajouté dans sa réplique.

Et d'ajouter :

"Le G13 veut ramener l'appréciation populaire ainsi que le choix des candidats sur les seuls critères des valeurs, leur adhésion à vision de gouvernance dans le projet de société et surtout leur capacité intressinques à y contribuer pour l'avancement du pays et la résolution des problèmes réels de la population".

Cette innovation a divisé les élus nationaux lors du débat général. Pour certains, il faut élaguer cette disposition car le partage fait partie de la culture congolaise entre frères et sœurs.

"La problématique de la corruption pendant la campagne électorale dire qu'on ne peut pas donner quoi que ce soit, vous ne pouvez même pas être autour d'une damejane (Vin) pour partager du vin et ainsi de suite mais non nous avons les coutumes chez nous où pour accéder au pouvoir coutumier vous devez prouver que vous avez donné est-ce que le fait donner c'est une corruption ? Il y a même un clan qui doit attester que il a droit d'accéder au pouvoir parce qu'il a donné, quand vous donnez, il doit y avoir des témoins, des témoins qui attestent que oui il a donné, il a droit d'accéder au pouvoir, ce sont nos habitudes", aval fait savoir  l'ancien gouverneur du Kasai-Oriental, Alphonse Ngoyi Kasanji.

Pour sa part, le député national Grégoire Kiro avait suggéré une meilleure formulation de cette proposition de peur qu'ils ne tombent pas dans leur propre piège en tant qu'élu lors de la campagne électorale.

"Dans le cadre de la moralisation de la vie publique, il est interdit la distribution aux électeurs des biens et dons en nature ou en espèce mais la mise en œuvre d'une pareille condition est assez compliquée dans la mesure où le candidat a le loisirs de faire des dons en nature ou en espèce et autres libéralités avant la campagne électorale, on devrait aller plus loin en interdisant pendant la campagne ou après la campagne électorale tels que ça se présente là-bas je doute d'une pareille efficacité. Si c'est pour lutter contre l'achat de conscience je crois qu'il faudra trouver autres choses", a recommandé Grégoire Kiro.

Clément MUAMBA et Berith YAKITENGE