L'évêque du diocèse catholique de Butembo-Beni qualifie de profanation et de sacrilège l'incursion dimanche 17 avril dernier, d'un groupe de miliciens dans l'église paroissiale de Bunyuku, en chefferie des Bashu, dans l'est de Butembo (Nord-Kivu). S'exprimant sur la radio catholique Moto ce lundi, Mgr Sikuli Paluku redoute que l'attaque qu'il qualifie de profanation soit préméditée.
"Une très mauvaise nouvelle le jour des pâques. Ça veut dire que ce groupe qui vient perturber les messes, n’est pas venu au hasard. Ça veut dire qu'ils ont préparé leur coup, et le fait qu'ils soient allés jusqu'à l'autel et emporté le missel, c'est déjà une profanation. Nous condamnons fermement cette incursion, cette perturbation du culte au jour le plus sacré, le plus fondamental de notre foi chrétienne. On n'est pas obligé de croire, même si on ne croit pas à quelque chose, il faut laisser au moins la liberté aux autres. La liberté religieuse est constitutionnelle et demande le respect des fidèles de pratiquer leur culte sans être perturbés", réagit-il.
Il appelle les enquêteurs à explorer cette piste pour tenter de retrouver également les deux prêtres de cette paroisse de Bunyuka qui avaient été enlevés il y a cinq ans et n'ont jamais été retrouvés.
"Revenir dans cette paroisse (de Bunyuka), chercher à voir des prêtres, demander des objets liturgiques, c'est grave, c'est plus qu'un sacrilège. Qu'ils se convertissent", exhorte le prélat catholique.
Dimanche 17 avril, des miliciens ont fait incursion dans l'église paroissiale de Bunyuka. A en croire l’abbé Hilaire Kamavu, curé de la paroisse, ces miliciens se sont pointés à l’autel pendant que le célébrant de la première messe venait de se retirer et ont réclamé des ornements. N’ayant pas eu gain de cause, ils n’ont emporté que le missel, ce livre liturgique du rite catholique romain contenant les textes nécessaires à la célébration de la messe, avant de se retirer. Alertés, des militaires se sont dépêchés sur le lieu et ont tué un milicien dans la concession paroissiale, à en croire notre source. Cet incident intervient cinq ans après l’enlèvement au presbytère de la même paroisse catholique de Bunyuka de deux prêtres, dans la soirée du 16 juillet 2017. Cinq après, ces serviteurs de Dieu n’ont jamais été retrouvés.
Claude Sengenya