Kinshasa-impact du réchauffement climatique sur la peau: le Dr. Ngongo dit non à la dépigmentation 

Photo/ Droits tiers
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L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) renseigne que le changement climatique est la plus grande menace pour la santé à laquelle l’humanité est confrontée. En République Démocratique du Congo, des phénomènes météorologiques extrêmes comme les vagues de chaleur sont de plus en plus fréquents. Quel est l'impact de cette chaleur sur la peau ?  Comment mieux se protéger ? Eléments de réponse avec Julie Ngongo dermatologue de profession. 

Bonjour Dr. Julie Ngongo, pouvez - vous nous parler brièvement de votre parcours ? 

Julie Ngongo: je suis docteur en médecine , spécialiste en dermatologie et en maladie sexuellement transmissible , ça fait à peu près 6 ans que j'exerce en tant que dermatologue. 

On observe des hausses de température à Kinshasa depuis un certain temps, quel est l'impact de cette chaleur sur la peau humaine ? 

Julie Ngongo: Au niveau de l'atmosphère il existe plusieurs couches, mais il y en a une qui est essentielle à la terre, c'est la couche d'ozone. C'est elle qui filtre et choisit quels sont les rayonnements qui peuvent atteindre la terre. Le soleil envoie plusieurs types d'ondes magnétiques qui sont des rayonnements, chacun selon sa puissance. Il y en a qui sont tellement dangereux qu'ils sont retenus par la couche d'ozone. Si ce rayonnement là traverse, il a un impact non seulement sur la peau mais aussi sur notre environnement. Alors, lorsque le soleil arrive au niveau de la terre et que ce rayonnement nous touche, notre peau se protège. Notre peau est une barrière.

Le problème est que nous ne protégeons pas notre peau , nous ne comprenons pas qu'elle doit être intégrale et intacte pour que les rayons ne puissent pas pénétrer.  Lorsque le soleil frappe et que les mécanismes de protection extérieure n'ont pas réussi, l'exposition de la peau au soleil présente des risques tels que : les coups de soleil, des brûlures de la peau, du vieillissement prématuré, des allergies et, dans les cas les plus graves, des cancers (mélanomes et carcinomes).

Quels sont les cas récurrents des maladies de la peau que vous diagnostiquez dans votre centre ? 

Julie Ngongo:  Bien que la peau soit déjà préparée à pouvoir combattre les hausses de température, elle est tout de même fragilisée, dans les cas extrêmes cela peut causer soit des brûlures ou un cancer.  Les cas fréquents que nous recevons sont des démangeaisons qu'on appelle (urticaire). Les gens ont des picotements physiques qui sont dû au rayon de soleil. Mais aussi des problèmes d' ancronose, ce qu'on appelle couramment "tampon".

Comment prévenir toutes ces conséquences liées à l'exposition du soleil sur notre peau ? 

Julie Ngongo: naturellement notre peau est préparée à se protéger, nous devons garder la intacte même si l'environnement change . Évitons d'appliquer des produits cosmétiques toxiques. Il n'y a pas que l'hydroquinone qui détruit la peau.  Actuellement, même les produits qui nous sont vendus et qui sont fabriqués à base d'huile de coco, de citron ou de papaye, certains, on y ajoute des substances qui sont plus dangereuses que l'hydroquinone. Il faut également noter que dans nos sociétés, depuis l'enfance, on nous inculque consciemment ou pas que tout ce qui est blanc est beau. A Kinshasa, on peut constater la manière dont les produits éclaircissants sont vendus en grande quantité alors que leurs méfaits sont visibles. Je parle ici des incronoses (tampon) ou encore des cancers de la peau. Nous devons également être attentifs à vérifier le type de lait de beauté que nous appliquons, certains sont uniquement recommandés pour la journée et d'autres pour la nuit.Pour conclure, nous devrions connaître quel est notre type de peau. Nous devons aussi avoir des habitudes qui nous protègent. Quand il y a du soleil, il faut chercher un endroit frais ou ombragé , éviter de marcher sous le soleil sans avoir un chapeau, prendre en compte les types d'habillement sans oublier que l'alimentation joue également  un rôle important pour préserver notre peau.

Un dernier mot ? 

Julie Ngongo : tant que nous ne comprendrons pas que la peau noire est belle et que nous n'accepterons pas que la garder intègre nous protège, les dégâts seront énormes. Pour ce:   1. Au niveau familial, les parents doivent apprendre à leurs enfants que la peau noire est belle et qu'ils doivent en être fiers 2. Le gouvernement doit contrôler la composition des produits cosmétiques sur le marché, la plupart sont nocifs pour la peau 3. Protégeons notre environnement contre le déboisement.

Propos recueillis par Grâce Guka