Luzolo Bambi : « il faut compléter l’état de siège par une politique de justice transitionnelle tout en le maintenant »

Luzolo Bambi
Luzolo Bambi/Ph.ACTUALITE.CD

L’ancien ministre de la justice en République Démocratique du Congo, le professeur Luzolo Bambi dit soutenir l’état de siège décrété dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri depuis le mois de mai 2021.

Au regard des voix qui ne cessent de s’élever pour décrier cette mesure exceptionnelle instaurée dans le but de lutter contre les groupes armés dans ce coin du pays, Luzolo Bambi estime que l’état de siège doit être maintenu mais complété par une politique de justice transitionnelle.

« Depuis que l'état de siège a été décrété, les groupes armés qui continuent à sévir dans notre pays n'ont pas jusque-là été poursuivis judiciairement. Du moins leurs auteurs directs et indirects. On n'a donc pas senti la riposte de la justice à travers l'état de siège. L'état de siège est sécurisé mais il faut le compléter par une politique de justice transitionnelle tout en maintenant l'état de siège », a-t-il déclaré dans une interview accordée aux médias dont ACTUALITE.CD.

Pour Luzolo Bambi, sans état de siège avec le contexte actuel, on aurait plus de morts qu’on ne le compte pour l’instant.

« Peut-on établir un rapport en termes des violations des droits de l'homme entre l'absence de l'état de siège et la présence de l'état de siège ? Je suis persuadé que sans état de siège, le nombre de morts serait plus élevé que ça l'est actuellement », a-t-il martelé.

Et de poursuivre :

« Si d'aventure on devait stopper, ceux qui proposent la suppression de l'état de siège proposent quoi comme alternative ? Dans le cadre de l'état de siège, la meilleure alternative, on n'a pas le monopole de la vérité, c'est l'institution d'une politique de la justice transitionnelle véritable. Ça signifie qu'on stoppe l'état de siège et on entre dans tous les 5 volets de la justice transitionnelle. On met en place en Ituri ou à Beni, une commission vérité et réconciliation. On organise les poursuites judiciaires contre les auteurs directs et indirects parce qu'on sait que dans ce genre de conflits, les personnes qu'on voit ne sont peut-être que des exécutants mais les donneurs d'ordre sont peut-être à Kinshasa et n'ont jamais été inquiétés. Qui va les inquiéter ? C'est la justice (...) ».

La partie Est du pays fait face à l'insécurité grandissante depuis plus de 20 ans à la suite de la présence des groupes armés locaux et étrangers. Parmi ces derniers il y a les Forces démocratiques alliées (ADF) d’origine ougandaise et les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR). Pour faire face à cette situation, le chef de l'État Félix Tshisekedi a décrété en mai dernier l’état de siège dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu. En plus de cette mesure exceptionnelle, les armées congolaise et ougandaise ont mutualisé leurs efforts depuis novembre dernier pour traquer les ADF dans les provinces précitées. Mais malgré cela, les tueries des civils se poursuivent, d'où des appels pour la levée de l'état de siège.