Nouvelle stratégie américaine contre la corruption, un Congolais sanctionné

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Les Etats-Unis ont instauré lundi des sanctions contre l'associé d'un milliardaire israélien accusé de malversations en République démocratique du Congo, qui marquent une nouvelle stratégie de lutte contre la corruption de la part de l'administration Biden.

L'homme d'affaires congolais Alain Mukonda est accusé d'avoir "fourni un soutien au milliardaire placé sous sanctions Dan Gertler", selon un communiqué du ministère américain du Trésor.

Douze entités liées à M. Mukonda ou des sociétés avec qui il est associé en RDC et à Gibraltrar sont également sanctionnées dans le cadre de la loi "Magnitsky" qui vise à lutter contre la corruption et les atteintes aux droits humains, ajoute le Trésor.

Soupçonné d'avoir signé des "contrats miniers et pétroliers opaques et entachés de corruption" en RDC, Dan Gertler, un proche de l'ancien président Joseph Kabila, avait été placé en décembre 2017 sous sanctions par le Trésor américain.

Ces sanctions avaient été allégées juste avant le départ de Donald Trump de la Maison Blanche en janvier, avant d'être rétablies en mars par la nouvelle administration.

En mai, une coalition d'ONG avait estimé dans un rapport que la RDC pourrait avoir perdu près de 4 milliards de dollars à cause des contrats conclus avec le sulfureux homme d'affaires israélien.

Le ministère américain "s'engage à soutenir les efforts anti-corruption de la République démocratique du Congo en poursuivant ceux qui violent le système politique pour des bénéfices économiques et qui profitent injustement de l'Etat congolais", a expliqué lundi le secrétaire adjoint au Trésor Wally Adeyemo.

Ces sanctions sont les premières d'une série qui doivent intervenir cette semaine où l'ONU célèbre jeudi la Journée internationale contre le corruption et la Journée internationale des droits humains vendredi.

Elles marquent également l'annonce d'une première stratégie gouvernementale qui doit s'attaquer à deux grandes failles des Etats-Unis en matière de blanchiment: les transactions immobilières douteuses et l'utilisation de sociétés écran.

Le président Joe Biden, qui avait dans le passé qualifié la corruption de "cancer" pour les sociétés, a décidé d'une part de durcir la réglementation des transactions immobilières pour éviter qu'elles ne servent à blanchir de l'argent provenant de trafics, de détournement de fonds publics ou de pots-de-vin.

Et d'autre part d'augmenter la transparence financière en identifiant mieux qui se cache derrière les sociétés écran.

"Les Etats-Unis étant la première économie mondiale, nous sommes conscients d'avoir une responsabilité particulière dans la correction de nos propres insuffisances", explique la Maison Blanche.

Cela passe par une meilleure identification des "bénéficiaires effectifs", c'est-à-dire les réels propriétaires d'actifs financiers placés dans des sociétés écran et autres coquilles vides enregistrées sous d'autres noms.

Le Congrès américain a adopté en janvier dernier une loi imposant aux sociétés américaines de déclarer au gouvernement fédéral leurs bénéficiaires effectifs. Il s'agit là d'une rupture pour les Etats-Unis, où la législation en la matière peut être extrêmement souple - par exemple dans des Etats comme le Delaware, fief de Joe Biden.

La Maison Blanche veut aussi mieux réguler les transactions immobilières, en particulier quand les paiements se font en liquide. "Le marché immobilier américain continue d'être utilisé comme un moyen de blanchir de l'argent", constate le département du Trésor dans un communiqué.

Dans un rapport publié en août dernier sous le titre "Pourquoi le marché immobilier américain fait rêver les kleptocrates", l'organisation non-gouvernementale Global Financial Integrity (GFI) avait estimé qu'en cinq ans, au moins 2,3 milliards de dollars d'argent sale avaient été blanchis via des transactions immobilières aux Etats-Unis.

"Pourtant les Etats-Unis sont le seul pays du G7 qui n'oblige pas les professionnels de l'immobilier à respecter les lois et règlements anti-blanchiment", avait déploré GFI.

 

AFP avec ACTUALITE.CD