L’initiative portée par les Eglises catholique et protestante de consulter la classe socio-politique en vue d’un dialogue national en cette période de crise sécuritaire que traverse le pays, n’est pas la bienvenue dans l’ensemble des composantes politiques du pouvoir. L’Union sacrée de la nation (USN), plateforme majoritaire au pouvoir, a rejeté avec vigueur cette démarche qu’elle qualifie « d’individuelle ».
Selon un communiqué de l’USN, les porteurs de cette initiative n’ont pas attendu la position finale de Félix Tshisekedi qui les a reçus il y a une semaine.
« Le fameux « Pacte social » proposé par certains est une initiative individuelle de ceux qui avaient déjà pris d’autres contacts ailleurs et qui n’ont pas voulu attendre la position finale du Garant de la nation. Par conséquent, ce projet n’engage ni l’USN ni sa haute autorité politique », dit le communiqué de l’Union sacrée de la nation.
Mardi, le parti présidentiel, UDPS, s’est opposé également à cette démarche. Selon ce parti, l’idée tend « à organiser des négociations politiques en dehors des processus de Luanda et de Nairobi ».
L’UDPS a dénoncé une « initiative narquoise des certains acteurs religieux dont les diverses prises des positions n'ont jamais caché leur antipathie à l'endroit des Institutions de la République ».
Un jour plus tôt, le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, avait également souligné que le Chef de l’Etat n’avait pas confié aux responsables des Eglises catholique et protestante la charge des consulter pour un dialogue.
« C’est une initiative qu’ils portent et qui n’est qu’à ses débuts. Ils sont allés voir le président, le président les a accueillis et le président devrait, le moment venu, réagir à leur démarche. Parce qu’il est prévu qu’on lui fasse le point par rapport à ce qu’ils attendent de lui. Il faut savoir que le président de la République ne leur a pas donné un mandat quelconque. C’est une nuance de taille. Ils ont vu le président, ils avaient des propositions, mais le président de la République ne leur a pas donné un quelconque mandat pour l’engager. De toute évidence, comme je vous ai dit, ils sont en amorce de leur démarche qui vise à avoir un pacte social pour la paix, personne ne peut la définir, même pas le président de la République », a fait savoir Patrick Muyaya lors d'un briefing presse tenu lundi 10 février 2025.
La Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) et l’Église du Christ au Congo (ECC) ont coalisé une fois de plus et ont lancé un appel en faveur du projet « Pacte social pour la paix et le bien-vivre ensemble en RDC et dans les Grands Lacs ». Les deux églises ont affirmé leur engagement à mobiliser la population congolaise pour la paix et à renforcer la cohésion sociale dans un contexte marqué par l’insécurité persistante à l’Est de la RDC et pour la stabilité dans les Grands Lacs.
Selon les dirigeants de ces deux églises, ce pacte est le fruit d’un long processus initié par les deux organisations, en réponse à de nombreuses sollicitations reçues de divers acteurs pour encourager la mobilisation de toutes les parties impliquées en vue de la stabilité effective de la région. Cette démarche de l'Église catholique et protestante prend en compte même les groupes armés coalisés avec les États étrangers.