RDC : à l’issue de leurs travaux, des survivant.es des violences sexuelles ont produit une « déclaration sur les réparations »

Photo/ Actualité.cd
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Durant trois jours, à Kinshasa,  survivantes et survivants des violences sexuelles et sexistes liées aux conflits de 12 pays africains ont produit une déclaration sur leurs droits, destinée aux chefs d'État de l'Union africaine. Ils demandent des réparations sexo-spécifiques et centrées sur les survivant.es, la justice, la paix et des garanties de non-répétition. 

Le rapport est segmenté en 10 points comporte notamment l’appel des survivant.es à une définition large des violences sexuelles et sexistes liées aux conflits.  

« Les violences sexuelles comprennent notamment le viol mais aussi l'esclavage sexuel, la stérilisation forcée, le mariage forcé, la traite, la maternité/grossesse forcée, les mutilations sexuelles. Quiconque peut être une victime, y compris des hommes et des femmes de tout âge, jeunes et vieux, ainsi que leurs enfants, leurs familles et leurs communautés. Les enfants des survivant.es ont un droit propre à la réparation. Les programmes de réparations doivent reconnaître que les violences sexuelles et basées sur le genre peuvent causer des dommages transgénérationnels », peut-on lire dans cette tribune.  

Les survivant.es s'appuient sur les cadres normatifs et principes de réparation internationaux, régionaux et nationaux existants (par exemple, la politique de justice transitionnelle 2019 de l'Union Africaine, les Principes fondamentaux de l'ONU de 2005, les résolutions 1325 et 2467 du Conseil de Sécurité, la Déclaration de Nairobi 2007). Cependant, ils/elles notent l'énorme retard de mise en œuvre et ses effets dévastateurs. 

« Les réparations sont urgentes, l’accès à la réparation et autres droits, Les programmes de réparation doivent transformer les structures et les normes inégales », figurent aussi parmi les points abordés dans cette déclaration. 

Impliquer les survivant.es de la conception à la mise en œuvre des programmes

Les participants sont venus de 12 pays d’Afrique. La République Démocratique du Congo (à travers Solidarité pour la Paix et le Développement Intégral (SOFEPADI), Fondation Panzi et Mouvement National des Survivant.es de Violences Sexuelles), le Liberia (Aiding Abused Women and Girls Association (ADWANGA), Association des Victimes, Parents et Amis du 28 Septembre, 2009 (AVIPA) pour la Guinée, Grassroot Research Association pour le Nigeria, Development and Research Project Center (DRPC) pour le Nigeria, Femmes Droit et Développement en Afrique (WILDAF) pour le Mali, Grace Agenda du Kenya, MOSUCA et Plateforme des Associations de Victimes (AVCM-PCA) pour la République centrafricaine,  Remembering the Ones We Love (ROWL) du Soudan du Sud, Solidarité pour l’Epanouissement des Veuves et des Orphelins visant le Travail et l’Auto Promotion (SEVOTA) du Rwanda, Women’s Forum de la Sierra Leone,  Refugee Law Project (RLP) et Women’s Advocacy Network (WAN) de l’Ouganda. 

« C’est une fierté pour nous en tant que femme congolaise, en tant qu’organisation et femme africaine de voir l’aboutissement de cette activité. Nous avons entamé les préparatifs depuis plus de deux ans. Nous avons commencé par des séances en ligne avant de tenir cet évènement en présentiel », a confié Sandrine Lusamba, coordonnatrice de SOFEPADI à la clôture de l’évènement. 

Et d’ajouter, « Nous avons constaté que certains pays africains ont déjà mis en place des programmes de réparations mais la mise en œuvre n’avance pas parce qu’ils ont été produits sans l’implication des survivant.es (…) Au cours des deux premiers jours, nous avons écouté les participants, ils ont parlé de leurs expériences, ils ont relevé les problèmes qu’ils rencontrent dans la communauté, les besoins, l’approche réparations, qui peut en être bénéficiaire et l’implication des survivant.es à la conception, la mise en œuvre, le suivi et l'évaluation de tous les programmes et institutions de réparation qui ont un impact sur leur vie et leurs moyens de subsistance ».  

Après la collecte des propositions, les survivant.es ont procédé au vote de chaque point de leur déclaration. L'élaboration de cette tribune s’est tenue avec le soutien du Fonds Mondial pour les Survivant.es et Esclavage Conjugal en temps de Guerre (Université de York, Canada). Parmi les participantes congolaises, il y avait notamment Julienne Lusenge, Emmanuella Zandi, Georgette Biebie et Annie Matundu.

Prisca Lokale