La députée nationale Christelle Vuanga, ancienne présidente de la commission Droits de l'homme a exprimé ses inquiétudes du fait que le gouvernement n'a pas pris en compte le fonds national de réparation en faveur des victimes des violences sexuelles liées aux conflits et autres crimes dans le projet de budget 2022 présenté lundi 15 novembre 2021 par le Premier ministre Sama Lukonde à l’Assemblée nationale. Elle estime qu'il est temps pour le gouvernement d’indemniser toutes les victimes et espère que la commission Ecofin de l'Assemblée nationale va aider le pays à réparer ce qu'elle a qualifié d'injustice.
« J'ai été abasourdie, dans le budget je ne vois nulle part où le gouvernement parle du fonds de réparation des victimes des conflits, il y a quelque part dans notre pays des congolais qui ont subi des violations des droits humains, des violations graves, et ils ont besoin de leurs indemnités, nous avons besoin de réparation des victimes des Kamwina Nsapu au Kasaï, de Bundu dia Kongo au Kongo Central, des Enyeles en Équateur, les victimes de Kisangani, les victimes des Bakata Katanga ainsi que des nombreuses victimes du Grand Kivu et j'espère que notre commission Ecofin va nous aider à réparer cette injustice », a-t-elle dit dans son intervention lors du débat général sur le projet de budget.
Cette élue dit noter des incohérences dans la répartition du budget qui ne prend pas compte notamment les secteurs sociaux de base.
« A titre d'exemple, l'électricité en termes de pourcentage 1,6%, industrie 0,32%, formation professionnelle 0,32%, Tourisme 0,27% ce qui fait un total de 2,5% alors que la Présidence de la République 2,8%, l'Assemblée nationale 2,3%, le Sénat 0,8%, la Primature 0,5% ce qui fait un total de 6,4%. L'électricité 1,6% Comment développez-vous le pays ? Comment attirer les investisseurs lorsque l'indice à l'électricité est faible l'industrie 0,32 avec une économie extravertie alors que l'on parle de l'autosuffisance alimentaire, comment faire avec ce faible taux, la formation professionnelle, beaucoup de collègues en ont parlé 0,32% dans un pays où la main d'œuvre explose, la jeunesse a besoin d'une formation, nous pensons que c’est insignifiant parce que si nous n'encadrons pas bien cette jeunesse, elle deviendra un goulot d'étranglement pour le développement du pays, le tourisme 0,27 pour un pays qui a des parcs, des cours d'eaux, Okapis, des chutes d'eau, nous pensons que c'est insignifiant », a-t-elle déploré.
Et de poursuivre :
« Il vous souviendra qu'en 2001 la RDC est partie à la déclaration d'Abuja, elle avait donc signé d'atteindre 15% du budget alloué à la Santé. C'est vrai, il y a eu amélioration nous sommes reconnaissants mais il ne faut pas oublier que 10% d'un éléphant est différent de 10% d'un poulet. L'agriculture, l'année passée, j'avais dit ici du haut de cette tribune 4,2% pour l'agriculture et l'élevage à chaque fois les députés en tant que puissance publique, nous allons voter un budget faible à l'agriculture, nous allons commettre un crime alimentaire. Vous avez entendu les plaintes de la population, nous semons beaucoup mais on récolte peu, nous avons les cours d'eau mais nous partons acheter du poisson en Namibie ».
Le Premier ministre devra revenir devant les députés pour répondre aux préoccupations soulevées en rapport avec le budget présenté.
Ce projet de loi des finances du gouvernement pour l’exercice 2022 est évalué à 20 682,6 milliards de Francs congolais (CDF), soit un taux d’accroissement de 41,5% par rapport au budget initial de l’exercice 2021 chiffré à 14 620,5 milliards de CDF.
Berith Yakitenge et Clément Muamba