Procès Chebeya : l'instruction a débuté ce mercredi, la partie civile invite les prévenus à collaborer avec la justice pour la manifestation de la vérité

Floribert Chebeya/Ph. droits tiers

L'instruction sur l'affaire de l'assassinat de Floribert Chebeya et de Fidèle Bazana débute ce mercredi 13 octobre 2021 à la prison militaire de Ndolo. L'avocate de la partie civile, Marie-Louise Okako, a souhaité que tous les témoins dont la Haute cour aura besoin pour la manifestation de la vérité, doivent se présenter sous peine d'être condamnés par défaut.

« Nos attentes d'abord est que les prévenus qui comparaissent à l'audience de ce jour et qui ont été condamnés par défaut, collaborent pour la manifestation de la vérité, pour qu'on sache réellement ce qui s’est passé. Et aussi il y a la répartition des préjudices par l'assassinat de Chebeya. Pour l'instant on fait l'instruction avec les deux qui sont présents. Il n'y a pas que l'ancien inspecteur général [John Numbi], il y a aussi le général Djadidia dans la concession de qui Bazana a été enterré, il est aux arrêts et détenu à la prison de Makala. Je ne vois pas pourquoi il ne serait pas aussi dans ce dossier, parce que, pour qu'on enterre quelqu'un il faut d'abord qu'il meurt. Alors que Bazana n'est pas mort d'une mort naturelle, il a été tué, enterré dans sa concession ; ce n'est pas un cimetière », a expliqué à ACTUALITE.CD Me Marie-Louise Okako

S'agissant d'autres renseignants qui seraient en dehors du pays, notamment l'ancien inspecteur général de la Police John Numbi, l’avocate a rappelé que ceux qui ne vont pas comparaître seront « condamnés par défaut ».

« Je crois que s'ils sont conscients, s'ils veulent concourir à la manifestation de la vérité, alors ils vont nous dire qui a fait quoi pour qu'on sache établir les responsabilités. En droit lorsqu’une partie n'est pas là, il y a les modalités de l'assigner à domicile inconnu. Si elle ne répond pas à l'audience, il sera condamné par défaut », a-t-elle ajouté.

Lors de l'audience du mercredi 06 octobre dernier, l'ordre des avocats avait désigné trois avocats Pro Deo pour défendre deux prévenus, mais le prévenu Ngoy Kenga Kenga avait refusé cette assistance, souhaitant attendre ses avocats en provenance de Lubumbashi. Pour les deux autres prévenus, l'un avait sollicité du temps à la cour pour « s'imprégner des éléments du dossier » et l'autre ne s'est pas présenté.

L’ONG La Voix des Sans Voix pour les Droits de l’Homme (VSV), la structure dont Floribert Chebeya était directeur, a salué la reprise du procès et a exhorté « la haute cour militaire à contribuer positivement à la lutte contre l’impunité des crimes touchant les défenseurs des droits humains en République Démocratique du Congo ».

Floribert Chebeya avait été convoqué le 1er juin 2010 à l'Inspection générale de la police à Kinshasa pour rencontrer son responsable, le général John Numbi, selon plusieurs témoignages. Son corps avait été retrouvé le lendemain dans sa voiture, les poignets portant des traces de menottes à Mitende, périphérie ouest de Kinshasa. Celui de son chauffeur Fidèle Bazana n'a jamais été retrouvé.

Ivan Kasongo