A la veille d’une nouvelle marche de la coalition Lamuka à Kinshasa, la Voix des Sans Voix (VSV) a dénoncé la décision du gouverneur Gentiny Ngobila d’interdire les manifestations publiques politiques sur le tronçon compris entre le pont Matete et l’aéroport de N’djili qu’il qualifie de « zone neutre ». Pour cette ONG de défense des droits de l’homme, il s’agit d’une décision anticonstitutionnelle qui nécessite d’être levée.
Dans un message intitulé : « Cessez de faire reculer la démocratie en RD Congo et avançons avec les bonnes pratiques garantissant la liberté des manifestations publiques pacifiques observées les six premiers mois après l’alternance au sommet de l’Etat », la Voix des Sans Voix se dit préoccupée et s'inquiète du retour de vieilles méthodes et pratiques d'interdictions émaillées des répressions des manifestations publiques pacifiques pourtant garanties par la constitution en son article 26.
Pour la VSV, la mesure de M. Ngobila est politique et demande le Vice-premier ministre de l'intérieur de l'annuler. Elle invite laussi es autorités à encadrer la marche de Lamuka prévue ce mercredi.
« La VSV demande au Vice Premier Ministre et Ministre de l'Intérieur d'intervenir pour que l'Hôtel de ville de Kinshasa lève la mesure d'interdiction des manifestations publiques pacifiques sur le trajet allant de l'aéroport international de N’djili au pont Matete, de privilégier les voies et moyens susceptibles de permettre aux forces de l'ordre et de sécurité de mieux encadrer les manifestations publiques pacifiques à l'instar de celle prévue ce mercredi 29 septembre 2021 par Lamuka en vue d'éviter toutes formes des violences, des dérapages et autres bavures telles qu'enregistrées dernièrement », dit la VSV.
Et d’ajouter : « Le recours aux forces de l'ordre pour interdire illégalement une manifestation pacifique est une violation des libertés fondamentales dont la liberté de manifester pacifiquement qui risquerait de ternir l'image de la RD Congo et des autorités en place ».
Les autorités de la ville devraient réfléchir sur l’encadrement des manifestations publiques « en lieu et place d'une interdiction anticonstitutionnelle qui risquerait de placer un jour la RD Congo au rang des Etats non respectueux des droits et libertés fondamentales ainsi que des valeurs démocratiques », assure cette organisation.
La coalition Lamuka a annoncé lundi que sa manifestation est maintenue avec le même itinéraire, Tshangu-Palais du peuple. Pour elle, la mesure prise par le gouverneur est illégale et sans fondement. Elle s’apparente à une tentative d’instauration d’un état de siège dans une partie de Kinshasa, a indiqué Adolphe Muzito, coordonnateur de Lamuka.
Ce mardi, le gouverneur Ngobila a convié les organisateurs de la marche à une réunion pour « harmonisation des vues » pour la marche de ce mercredi.
Une marche appelée par la même coalition le mercredi 15 septembre dernier a été violemment réprimée par les forces de l’ordre. Plusieurs militants voire journalistes ont été pris à partie par les policiers qui ont extorqué les biens des manifestants y compris des personnes non concernées par la manifestation, avait constaté le reporter de ACTUALITE.CD.
Clément Muamba