Menace imminente pour la forêt du bassin du Congo par la levée du moratoire sur les nouvelles concessions forestières: 40 ONG lancent un cri d’alarme

ACTUALITE.CD

40 organisations ont écrit aux partenaires internationaux du gouvernement congolais pour exprimer leur « très grande inquiétude face à la levée imminente du moratoire sur l'attribution de nouvelles concessions forestières en RDC, suite à l'adoption par le Conseil des Ministres d'un plan proposé par la Vice-Première Ministre et Ministre de l'Environnement et Développement Durable, Eve Bazaiba.

Selon ces ONG, la RDC « est sur le point de lancer une ère de dégradation écologique d'une échelle effroyable. Toute expansion de l'exploitation forestière industrielle saperait également plusieurs initiatives soutenues par vos gouvernements pour protéger les forêts tropicales, telles que la proposition de loi de l'UE sur les produits de déforestation importés, ainsi que la promotion de la foresterie communautaire dans la région.

L’ouverture de certaines des dernières forêts tropicales intactes du monde à l'exploitation forestière industrielle serait un désastre absolu pour le climat, la biodiversité, l’Etat de droit et les droits humains des communautés forestières, disent ces organisations.

« Toute levée du moratoire, qui pourrait mettre en péril une zone de forêt tropicale grande comme la France, pourrait également augmenter le risque de futures épidémies de maladies zoonotiques telles qu'Ebola et éventuellement COVID-19 », ajoutent-elles.

Ces organisations parlent d’une trahison.

« Ne pas agir maintenant serait une grave trahison pour des dizaines de millions de Congolais ruraux dont les droits sont touchés, les objectifs climatiques de Paris et les efforts mondiaux pour se mettre d'accord sur un cadre ambitieux de biodiversité pour l'après-2020. À une époque où le monde connaît des événements climatiques de plus en plus sévères et se trouve au bord d'une sixième extinction massive d'espèces, votre silence maintenant enverrait un très mauvais message avant les négociations de Glasgow et de Kunming ».

Et la demande de ces ONG est claire. Pour elles, CAFI et ses membres doivent conditionner la signature de tout nouvel accord avec le gouvernement de la RDC à un engagement contraignant de prolonger le moratoire jusqu'à ce que l'industrie forestière existante a manifestement été maîtrisée par, entre autres, l'annulation de tous les titres illégaux et la publication de la propriété effective des concessions.

L’autre contrainte souhaitée, c’est une évaluation transparente et crédible de la gouvernance forestière en RDC par rapport au cadre de gouvernance forestière ProFor/FAO, qu'un plan d'action qui devra être mis en place pour remédier aux lacunes constatées dans cette évaluation, des programmes élaborés et mis en œuvre pour réaliser le plan d'action, et des progrès substantiels ont été réalisés par rapport au cadre, vérifiés par une évaluation ultérieure.

Ces ONG insistent aussi sur la clarification et le renforcement de ce qui est nécessaire pour remplir la condition du décret de 2005 pour la levée du moratoire relative à la programmation géographique des futures zones de concession « afin qu'elle implique une planification participative et multisectorielle de l'utilisation des terres et soit cohérente avec les autres réformes soutenues par CAFI ».