RDC-Butembo : « je ne suis pas un spoliateur, je faisais l’assainissement », réaction du maire policier à l’alerte d’un député l’accusant d’ériger des boutiques sur une voie publique

Monument Historique au coeur de Butembo/Ph ACTUALITE.CD

Le maire policier de Butembo, le commissaire supérieur principal Mowa Baeki Telly Roger, a réagi ce jeudi 23 septembre à ACTUALITE.CD aux alertes du député provincial Mbenze Yotama, l’accusant d’entreprendre la construction des maisons commerciales, notamment des boutiques en métal sur l’avenue de l’Eglise, en plein centre-ville.  Ce qui a été perçu par l’élu de Butembo comme une tentative de spoliation d’une voie publique. Mais, pour le maire, il ne s’agissait pas d’une spoliation d’une partie de l’avenue de l’Eglise, plutôt des travaux d’assainissement de l’artère.

«Je ne suis pas un spoliateur. Vous savez quand nous sommes venus ici, nous avons mené notre opération sur deux fronts. D’abord la maladie à Coronavirus puis l'insécurité. Et au vue de cela, nous nous sommes assigné une ligne de conduite pour pouvoir entreprendre des travaux communautaires, comme ça se fait un peu partout. A cet endroit-là (avenue de l’Eglise, ndlr), c’est là que nous avons commencé l'opération. Nous avons enlevé les immondices, et tout faire pour que cet endroit devienne de plus en plus propre. Nous nous sommes dit que nous devons entretenir cet endroit. Je n’ai vendu aucune portion de terre depuis notre arrivée ici à Butembo.  Celui qui le dit, s’il a des  documents qui attestent, il peut les présenter », a dit à ACTUALITE.CD, le maire de Butembo, Mowa Baeki Telly Roger.

L’élu de Butembo rejette cette affirmation. Alerté par ses électeurs depuis le 10 septembre, le député provincial Mbenze Yotama affirme à ACTUALITE.CD avoir personnellement vu le maire et lui adresser, dans la suite, une lettre, lui reprochant de construire sur une voie publique « sans une quelconque procédure de désaffectation ».

« Nous avons appris que le maire de Butembo venait d’amorcer des travaux sur l’avenue de l’Eglise. Pour s’enquérir de la nature des travaux, je suis allé le rencontrer chez lui à la maison. Je pensais qu’il s’agissait des travaux d’assainissement vu qu’il y avait plusieurs ambulants qui encombraient l’avenue (…). Mais le maire a estimé qu’il fallait lui laisser du temps pour que nous constations nous-mêmes ce qu’il serait en train de faire comme travaux. Le lendemain de mon alerte, je lui avais écrit, parce que j’avais (maintenant, ndlr) toutes les données, lui suggérant d'arrêter les travaux qu’il envisageait à cet endroit. C’était en fait la construction des Kiosques, des chambrettes en métal au milieu de l’avenue pour des fins commerciales. Je lui ai demandé s’il pouvait arrêter immédiatement de construire dans le domaine public puisque la voie publique reste la voie publique, et qu’il n’est pas bien de construire sur la voie publique », explique à ACTUALITE.CD, le député Mbenze Yotama.  

Ces alertes qui n’ont pas malheureusement empêché le maire  d’exécuter son plan, regrette le député. Car dimanche 19 septembre dernier, le maire a, d’après l’élu, profité du week-end pour dépêcher sur l’avenue de l’Eglise des maçons, bien gardés par des policiers, en vue d’accélérer la construction des maisons commerciales.  

Surpris, le député provincial Mbenze Yotama a, avec l’appui des services de cadastre et urbanisme, empêché la poursuite des travaux, reprochant au maire d’avoir entrepris cette construction sur une voie publique « sans une quelconque procédure de désaffectation».  

L’élu de Butembo demande au maire de rester sur la mission lui assignée en tant qu’autorité en cette période d'état de siège.

« Il a une mission essentiellement sécuritaire, on ne l’a pas envoyé à Butembo pour construire des chambrettes pour des fins commerciales (…). Nous lui avons également suggéré, s’il estimait avoir des moyens, de les virer sur des ponts qui sont en état de délabrement avancé sur la ville », conseille-t-il.

Cette polémique a alimenté les débats cette semaine à Butembo dans la province du Nord-Kivu.

Dieumerci Soba, stagiaire UPN