Denis Mukwege constate que la situation ne s’améliore pas malgré l’état de siège et insiste pour la concrétisation de la promesse de Félix Tshisekedi sur la justice transitionnelle

Dr Denis Mukwege/Ph ACTUALITE.CD

Denis Mukwege s’est prononcé ce jeudi à la suite de nouvelles violences dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu. Il cite particulièrement les attaques ayant provoqué la mort de 19 civils le 27 août 2021 dans le Territoire de Beni et 30 civils le 3 septembre 2021 dans le Territoire d’Irumu. 

« Malgré l’état de siège instauré dans les Kivus et en Ituri, la situation sécuritaire ne semble pas s’améliorer dans ces Provinces et la crise humanitaire dramatique que les populations civiles endurent se transforme en une véritable crise de notre humanité », écrit-il.

Au moins 6000 morts ont été recensés depuis 2013, malgré la présence de la MONUSCO et de la Brigade d’Intervention qui opèrent en appui aux Forces Armées de la RDC sur base du Chapitre VII des Nations Unies, constate t-il en signifiant que sous d’autres cieux, « la commission de ces crimes les plus graves mobiliseraient l’intervention de la justice pénale internationale, mais au sein d’une communauté internationale où règne la loi du deux poids deux mesures, ces atrocités de masse qui endeuillent notre Nation chaque jour se commettent dans une indifférence qui soulève notre indignation la plus profonde ».

Selon lui, les solutions politiques et sécuritaires ont échoué. Ainsi, il propose  le recours à tous les mécanismes de la justice transitionnelle.

« Les victimes congolaises des atrocités de masse et la société congolaise dans son ensemble ont le droit à la vérité, à la justice, à des réparations et à des garanties de non-renouvellement des atrocités, en conformité avec les recommandations formulées dans le rapport Mapping, publié il y a presque 11 ans par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Droits de l’Homme », a t-il dit.

Il a également profité de cette sortie médiatique pour interpeller une fois de plus Félix Tshisekedi.

« Le temps est venu pour le Chef de l’Etat de concrétiser son engagement à faire adopter une stratégie nationale holistique de justice transitionnelle et à demander de manière expresse aux Nations Unies l’établissement d’un Tribunal Pénal International pour la RDC et le soutien à la mise en place de chambres spécialisées mixtes pour rendre justice aux victimes des crimes les plus graves et mettre fin à la culture de l’impunité qui alimente les conflits dans notre pays depuis les années 1990 », a t-il déclaré.

Il invite le Chef de l’Etat à solliciter l’aide des Nations Unies et l’adoption d’une résolution du Conseil de Sécurité pour mettre en place sans tarder une équipe d’enquêteurs intégrées au Bureau Conjoint des Nations Unies pour les Droits de l’Homme, comprenant entre autres des experts en anthropologie médico-légale pour exhumer les nombreuses fosses communes à l’Est du pays et collecter et préserver les éléments de preuve d’actes susceptibles de constituer des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et des crimes de génocide perpétrés en RDC.