RDC : voici les causes de suspension des activités des sociétés chinoises d’exploitation d’or à Mwenga au Sud-Kivu

Illustration. Une mine d'or de cobalt à Kamituga/Ph. ACTUALITE.CD

Les activités d’exploitation d’or par six sociétés chinoises et trois coopératives congolaises dans le territoire de Mwenga (Sud-Kivu) sont suspendues depuis le 20 août dernier par le gouverneur Théo Ngwabidje. Ces entreprises exerçaient illégalement et ne répondent pas aux normes en la matière, selon les autorités.

Le conseiller du gouverneur en matière des mines, Safanto Bulongo, a donné la situation de chacune de ces sociétés.

« Nous avons l'entreprise Yellow Ressources qui a des activités dans Lwindi et à Ngweshe, il y a BM Global qui est dans la chefferie de Wamuzimu. Ces entreprises sont dans la phase de la recherche. Elles ont des permis de recherche. C'est déjà un document mais il y a d'autres documents qu'elles n'ont pas », a dit Safanto Bulongo, conseiller du gouverneur Théo Ngwabidje Kasi en matière des mines.

« Il y a des entreprises qui ont contracté avec les détenteurs des titres miniers couverts par le permis d'exploitation. Le cas de ORC et Mungu ni Jibu. ORC est en partenariat avec Kamituga Mining, ils ont signé un protocole d'accord à travers lequel Kamituga Mining qui est détenteur du permis d'exploitation minière a autorisé ORC de pouvoir exploiter. Or du point de vue commercial ça marche mais dans le secteur c'est un protocole qui n'est pas acceptable. Parce que dans le secteur minier si vous avez un permis d'exploitation et que vous voulez accorder des droits à quelqu'un d'autres ça doit se faire par amodiation partielle ou totale. L'autorité doit être informée, ce qui n'a pas été fait. Malheureusement ils n'ont pas suivi la procédure. Ça n'a pas de valeur. Nous ne pouvons pas les qualifier », explique Safanto Bulongo

« De même que Lugushwa Mining et Mungu ni Jibu, ont le même deal mais qui ne s'accordent pas aux exigences du code minier. Pour Yellow, elle a un permis pour la recherche mais pour commencer la recherche, il y a les documents qu'elle doit obtenir », ajoute le conseiller du gouverneur.

Pour le cas des coopératives, notamment Lutonde et Group Crystal, il est reproché d’exploiter le périmètre couvert par Kamituga Mining. « Comme elles travaillent dans un espace qui ne leur appartient pas, c'est donc une exploitation illicite ».

« Nous avons aussi Congo Blueant Minéral CBM qui est en lien avec la Coopérative COMIBI qui ont aussi leur litige. Le type d'exploitation pose problème. La coopérative doit avoir une lettre d'autorisation délivrée par le ministre au niveau national. Nous leur avons laissé le temps de nous la donner malheureusement, elles ne l'ont jamais amené », indique M. Bulongo.

A cela s'ajoute la présence des militaires dans les sites et carrés miniers suspendus.

« Au niveau de la commission, on a réuni toute la documentation pour chaque entreprise. Dans nos rapports on avait constaté qu'il y avait des militaires qui gardaient certaines entreprises alors que le code minier ne l'autorise pas. La législation minière parle plus de la police des mines », souligne Safanto Bulongo.

La crainte de la société civile

La suspension de ces entreprises est intervenue après plusieurs dénonciations de la société civile. Pour le groupe Thématique de Travail Mines, cette suspension est à saluer mais la crainte est au niveau de son applicabilité.

« Nous, en tant qu'acteurs de la société civile, nous avons apprécié la décision du gouverneur pour avoir pris un arrêté suspendant les activités de ces entreprises chinoises. Notre réaction c'est la satisfaction parce que ça rencontre notre desideratas en tant que porte-parole de la communauté et la voix de sans voix », réagit Blaise Bubala modérateur de ce groupe thématique de travail Mines de la société civile du Sud-Kivu

« L'inquiétude est qu’il y a de fois on signe des arrêtés comme ça mais le sur terrain il se passe d’autres choses. Nous suggérons au gouverneur que cet arrêté produise des effets sur terrain. Nous faisons confiance à nos autorités, le premier pas franchi est positif mais nous attendons l’application de l'arrêté. Comme ce dernier prévoit d’étudier les dossiers des entreprises au cas par cas, nous espérons que ça ne sera pas lettre morte, nous allons suivre aussi cette situation », a conclu cet acteur de la société civile du Sud-Kivu.

Dans son cahier de charge déposé auprès de la ministre des mines, le groupe thématique Mines de la société civile du Sud-Kivu accuse les chinois d'exploitation illicite des minerais d'une part et d'autre part l'utilisation des produits chimiques comme la cyanure et le mercure qui ont détruit l'écosystème aquatique et ont  un impact sur les vies des populations.

Justin Mwamba