Présidentielle Zambie: l'opposant Hichilema largement en tête

Hakainde Hichilema
Hichilema

L'opposant zambien Hakainde Hichilema était largement en tête dimanche soir de l'élection présidentielle, face au sortant Edgar Lungu, selon des résultats partiels représentant 82% des circonscriptions.

La commission électorale du pays d'Afrique australe a annoncé les résultats partiels portant sur 128 circonscriptions, sur un total de 156, soit 82% des circonscriptions. M. Hichilema, homme d'affaires autodidacte de 59 ans surnommé "HH", domine largement avec 2.324.847 suffrages contre 1.464.681 pour le président sortant.

C'est la troisième fois que M. Hichilema affronte M. Lungu dans les urnes. En 2016, il avait perdu de seulement un peu plus de 100.000 voix.

Dans les circonscriptions déjà dépouillées, la participation, très forte, s'élève à 71%, confirmant l'engouement pour ce scrutin, durant lequel certains bureaux sont restés ouverts jusqu'à 05H00 du matin pour permettre aux électeurs faisant la queue depuis la fin d'après-midi de voter.

Charles Melupi, un porte-parole de l'opposition, a appelé dans la matinée le président sortant à "agir en homme d'Etat" et à admettre "rapidement" sa défaite "pour que le processus de passation de pouvoir et de réconciliation de ce pays puisse commencer".

Samedi, les équipes de M. Lungu, 64 ans, et de son rival historique, "HH", que la rue appelle aussi "Bally", un terme affectueux désignant un père ou un aîné, avaient chacune donné leur champion gagnant, avançant leurs propres calculs. 

En attendant les résultats définitifs, qui pourraient n'être connus que lundi matin, les Zambiens s’interrogeaient sur les intentions de M. Lungu.

Samedi soir, la présidence a annoncé que le parti au pouvoir, le Front patriotique (PF), réfléchissait à des recours possibles dans trois provinces traditionnellement acquises à l'opposition, estimant que le vote y avait été "caractérisé par des violences", rendant "l'exercice nul".

- "Victoire en vue" -
M. Melupi a jugé ces accusations "infondées", affirmant que s'il y avait eu des tensions dans quelques bureaux de vote, c'était plutôt parce que "des citoyens ordinaires avaient réagi contre (les) responsables du PF qui tentaient de faire des choses illégales". 

"Préparez vous à fêter votre victoire!", a encore lancé le porte-parole. 

Dans la soirée, des groupes de militants de "HH" fêtaient déjà sa victoire dans les rues de Lusaka sans attendre le résultat final, a constaté une journaliste de l'AFP.

Hichilema avait appelé au calme dans la matinée: "La victoire est en vue et j'aimerais demander le calme à nos partisans". "Nous avons voté pour le changement, pour une Zambie meilleure, libérée de la violence et de la discrimination. Soyons le changement pour lequel nous avons voté", a-t-il ajouté sur Twitter.

Il a rendu visite dans l'après-midi à l'ancien président zambien Rupiah Banda. Ils ont évoqué "un large éventail de questions relatives au bien-être de notre peuple", a ensuite twitté M. Hichilema, postant une photo montrant les deux hommes assis face à face dans des canapés en cuir.

La campagne a largement porté sur les difficultés économiques et l'inflation dans ce pays riche en cuivre, qui a été le premier du continent à avoir fait défaut sur sa dette depuis la pandémie.

M. Lungu, avocat de formation, est critiqué pour avoir emprunté de façon déraisonnable, notamment auprès de créanciers chinois, pour financer une frénésie de projets d'infrastructures. Mais aussi pour son attitude de plus en plus inflexible à l'égard de l'opposition depuis son arrivée au pouvoir en 2015.

Samedi, les observateurs avaient salué un scrutin généralement "pacifique, transparent et professionnel", regrettant cependant des "restrictions aux libertés de réunion et de mouvement" pendant la campagne.

Cinq jours avant le scrutin, M. Hichilema s'était plaint d'avoir été empêché de se rendre dans la province disputée de Copperbelt (centre) où M. Lungu faisait campagne le même jour. Son vol avait été annulé.

ACTUALITE.CD avec AFP