RDC-Boga : après l’incendie de l’hôpital général de référence au cours de l’attaque armée, des milliers de personnes se retrouvent sans accès aux soins 

Un centre de santé incendié au village Masuku dans le territoire de Beni/Ph ACTUALITE.CD

Des milliers de personnes n’ont plus accès aux soins dans la zone de santé de Boga (territoire d’Irumu) en Ituri après le pillage, la destruction et l’incendie de l'hôpital général de référence de cette contrée par des présumés combattants des Forces démocratiques alliées (ADF) au cours d’une attaque mardi dernier. Dans cette zone, Médecins sans frontières prenait en charge plusieurs patients blessés notamment par balles. Nombreux ont été transférés à l'hôpital général de référence de Gety qui est également appuyé par cette ONG.

« Les équipes de l’organisation humanitaire sont atterrées par l’étendue des dégâts occasionnés à cette structure de santé, dont elle avait coordonné la construction entre 2017 et 2020 afin de combler au vide sanitaire dans la zone de santé », dit MSF dans un communiqué mercredi.

Le service de soins intensifs est parti en fumée. « Les hôpitaux en zones de conflits doivent demeurer des espaces protégés et neutres. Toutes les parties aux conflits en Ituri doivent respecter les patients et l’action humanitaire des travailleurs de santé », se désole Frédéric Lai Manatsoa, chef de mission de MSF en RDC.  

Dans plusieurs communiqués, MSF a déploré l’insécurité grandissante permanente à laquelle est exposée la population de Boga et d’autres villages de la région à l’instar de Tchabi. Au moins 55 personnes ont été tuées dans la nuit du 30 au 31 mai dernier lors d’une attaque sanglante attribuée toujours aux combattants ADF à Buga et à Tchabi. A cela s'ajoutent au moins 10 civils tués au cours de l’attaque intervenue dans la mi-journée de mardi ayant conduit à l’incendie de l'hôpital général de référence de Boga.

« MSF exprime sa profonde indignation face à cette attaque, perpétrée dans la violation du droit international humanitaire, et dont les conséquences se feront ressentir dans la durée. Sans une compréhension claire de la part des différentes parties au conflit sur la nécessité de protéger la mission médicale en Ituri, les humanitaires et les travailleurs de la santé sont condamnés à répéter un cercle absurde de reconstruction permanente de structures de santé destinées elles-mêmes à être détruites à nouveau ».

Toutes les populations ont vidé les villages. Nombreuses personnes ont trouvé refuge à Gety, à Bukiringi dans la chefferie de Walendu Bindi, et d’autres sont même arrivées à Bunia parcourant 120 km.

La situation sécuritaire s’est rapidement dégradée depuis le premier mois de l’état de siège pourtant décrété dans cette partie du pays pour faire face aux violences armées persistantes. Selon les sources de la société civile, plus de  100 personnes ont été tuées au cours des diverses attaques dans les territoires de Djugu et d’Irumu.

Thérèse Ntumba