Election du secrétaire exécutif de la SADC : le Botswana prend une longueur d’avance sur la RDC

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La République Démocratique du Congo accuse un inquiétant déficit d’organisation de la campagne de mobilisation des pays membres de la SADC (Communauté de développement de l’Afrique australe) en faveur de son candidat au poste de secrétaire exécutif de cette communauté sous-régionale. A ce jour, aucune programmation de campagne n’a été élaborée ni une équipe de « warriors » mise en place pour le marketing diplomatique du candidat congolais. C’est le 21 janvier 2021 (soit trois mois déjà écoulés) que la Ministre des Affaires étrangères, Marie Tumba Nzeza, avait annoncé la désignation du candidat du pays au poste de Secrétaire exécutif de la Communauté de développement de l'Afrique Australe.

En mars dernier, a eu lieu la présélection de deux candidats en lice, à savoir le Congolais Faustin Luanga et le Botswanais Elias Magosi. La planification de la SADC prévoit la tenue des interviews de deux candidats en mai 2021, ainsi que la sélection et la nomination du prochain Secrétaire exécutif de la SADC en août 2021, au cours du sommet des chefs d'État et de gouvernement de cette organisation sous-régionale. Le candidat congolais, haut fonctionnaire de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) depuis 1996, séjourne à Kinshasa depuis environ une semaine.

Après avoir perdu, l’an dernier, l’élection au poste de secrétaire technique de la ZLECAF (zone de libre-échange continentale africaine), Kinshasa a tout intérêt de se mobiliser pour remporter l’élection à la SADC. Mais, pour des observateurs avertis, ce pari est très risqué pour la RDC qui, géographiquement et diplomatiquement, est en périphérie de cette organisation sous-régionale dont les liens entre la plupart des pays membres relèvent de la solidarité mutuellement témoignée pendant la lutte contre l’apartheid en Afrique du sud, actuellement première puissance d’Afrique australe.

« Pendant ce laborieux temps de lutte contre l’apartheid, le Zaïre du Président Mobutu soutenait le pouvoir sud-africain. Malgré l’adhésion de la RDC à la SADC suite à des considérations géopolitiques, les différents régimes au pouvoir à Kinshasa ne se sont jamais investis pour se rapprocher des forces politiques dominantes au sein des autres pays membres. Ceci expose fondamentalement la candidature de la RDC à la réticence de la majorité des chefs d’Etat pour un poste aussi stratégique », explique un chercheur.

A cette entrave d’ordre historique s’ajoute le déficit d’organisation côté congolais qui met le Botswana, dont la campagne est menée par son chef de l’Etat, dans une belle longueur d’avance. Ce dernier poursuit son périple auprès de ses homologues de la région pour obtenir leur soutien en faveur de son candidat Elias Magosi, relevé pour le besoin de la cause, à la mi-avril, du poste de secrétaire permanent de la Présidence du Botswana. Le Président du Botswana, pays abritant le siège de la SADC, tient à persuader Félix Tshisekedi de retirer la candidature de la RDC sous peine de la mettre en minorité lors des votes.

Pour promouvoir son candidat, le chef de l’Etat du Botswana a déjà effectué des visites officielles auprès de ses homologues de la RDC, de l’Afrique du sud, du Malawi, de la Namibie, de la Zambie, et obtenu des soutiens. Côté RDC, c’est encore de la léthargie qui contraste avec la position du pays à la tête de l’Union africaine.

« Mieux vaut tard que jamais », dit-on. Il est préférable que la RDC d’en haut se ressaisisse pour se pencher sur l’utilité ou non de maintenir la candidature, et d’en tirer toutes les conséquences. « Le prévisible échec (de la RDC) peut être évité si la diplomatie congolaise repense son logiciel et met les bouchées doubles », poursuit-il. 

En 1992, les chefs d’Etat et de gouvernement de la région ont décidé de muer la Conférence de coordination pour le développement de l'Afrique australe (SADCC) en la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC). L’accent est alors mis sur l'intégration et le développement économiques. La SADCC avait été formée en 1980 à Lusaka en Zambie pour faire avancer la cause de la libération politique nationale en Afrique du Sud, et pour réduire la dépendance envers l’Afrique du Sud alors sous le régime de l’Apartheid. Les Etats membres de cette organisation sont les suivants : Afrique du Sud, Angola, Botswana, Ile Maurice, Lesotho, Madagascar, Malawi, Mozambique, Namibie, RDC, Seychelles, Swaziland, Tanzanie, Zambie et Zimbabwe. Son siège est à Gaborone (Botswana).

JJ MWENU