Manifestations contre les tueries dans l’est du pays : la communauté diplomatique soutient le droit de la population en colère et déplore les attaques des groupes armés  

Les militants de Lucha devant la base de la Monusco à Butembo/Ph ACTUALITE.CD

La communauté diplomatique internationale présente en RDC a fait une déclaration en rapport avec l’insécurité dans l’est du pays et les manifestations qu’elle a suscitées ces derniers jours. Dans une déclaration conjointe, la délégation de l’Union européenne et les États membres représentés en République démocratique du Congo (Allemagne, Belgique, Espagne, France, Grèce, Italie, Pays-Bas, Portugal, République Tchèque, Suède), et des ambassades de Canada, Corée du Sud, les États-Unis, Japon, Norvège, Royaume-Uni, Suisse condamnent les tueries incessantes au Nord Kivu et en Ituri.

Cette insécurité aiguë a entraîné depuis lundi dernier des manifestations publiques notamment dans les villes de Beni, Butembo et Goma.

« Nous soutenons le droit de la population de l’est de la RDC à se rassembler et manifester pacifiquement afin de faire entendre sa voix et appelons les services de sécurité à le garantir, le respecter et l’encadrer dans le respect des lois et règlements. L’espace de la société civile pour pouvoir s’exprimer de façon non violente doit être assuré en tout temps », ont déclaré les diplomates ce vendredi 09 avril 2021.

Les violences se sont aggravées ces dernières semaines dans les territoires de Beni, Nord-Kivu et Irumu (Ituri) à la suite des attaques récurrentes des combattants ADF. Ce que déplore la communauté diplomatique.

« Nous condamnons fermement la violence et les meurtres commis par les groupes armés dans l’est de la République démocratique du Congo, en particulier la récente vague d’atrocités par les Forces démocratiques alliées (ADF) au Nord Kivu et en Ituri. Leurs attaques lâches causent une souffrance incommensurable et nous présentons nos sincères condoléances aux victimes, à leurs familles et leurs proches », ajoute la déclaration.

D’après la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), 6 000 personnes ont été tuées en 2013 à Beni, alors qu’en Ituri 2000 morts ont été enregistrés pour la seule année 2020. Cette situation a entraîné des déplacements massifs des populations dans la région abandonnant des villages entiers entre les mains des assaillants.

Les manifestations déclenchées depuis lundi à Beni, Butembo et Goma sur appel des mouvements citoyens et des associations professionnelles visent également à dénoncer l’inaction de la Monusco et exiger son départ, d’après les manifestants.

A Kinshasa, l’Assemblée nationale a pris l'initiative d'instituer une commission parlementaire pour enquêter sur la situation sécuritaire dans 8 provinces (l’Ituri, du Nord-Kivu, du Sud-Kivu, du Maniema, du Haut-Uele, du Bas-Uele, du Haut-Katanga et du Haut-Lomami). Quinze (15) députés non originaires desdites provinces seront désignés pour effectuer la mission pendant un mois. Certains députés proposent que la commission puisse s’intéresser aussi au travail de la Monusco présente au Congo depuis plus de 20 ans sans parvenir à restaurer la paix dans les zones troubles.

Ainsi, la commission parlementaire aura comme tâches, d’identifier les groupes armés terroristes étrangers et locaux et leurs commanditaires ; d’inventorier tous les moyens mis à la disposition des services de sécurité et de défense pour mener la lutte contre ses groupes armés étrangers et locaux qui commettent les atrocités et exactions à l'est de la RDC ; et de dégager les responsabilités de tous les acteurs impliqués.

Clément Muamba