RDC-Butembo : au quatrième jour des manifestations anti-Monusco, un culte au stade municipal en mémoire des victimes de tueries de Beni

Les manifestants anti-MONUSCO à Butembo lors du quatrième jour de leur sit-in/Ph. ACTUALITE.CD

C’est ce jeudi 8 avril 2021, le quatrième jour des manifestations de grève déclenchées par les organisations des opérateurs économiques, des mouvements citoyens et des groupes de pression de Butembo (Nord-Kivu) pour exiger le départ de la Mission des Nations Unies en RDC, accusée de passivité face à la recrudescence des massacres de civils dans la région de Beni.

A l’occasion, un culte est organisé au stade municipal Van Nevel (ex-stade Matokeo) de Butembo en mémoire des victimes de tueries de Beni. Dès 10 heures locales, un public important affluait déjà le stade pour prendre part à ce culte présidé par Léon Syahava, un jeune évangéliste réputé dans la ville.

« Pendant les dix jours des manifestations, nous avons prévu un culte pour implorer la présence divine pour la fin des tueries à Beni. Nous voulons que les âmes des victimes reposent en paix et que Dieu exauce nos prières pour le retour de la paix dan notre région », a indiqué au micro d’ACTUALITE.CD, Anelka Mwanya, l’un des militants de la Lucha présents au culte.

Le public n’est pas seulement composé des jeunes militants des mouvements citoyens ou des groupes de pression. Il est, à la surprise des curieux, composé des centaines d’enfants, jeunes et des adultes de tout sexe confondu, affectés par des tueries en vogue dans la région depuis plus de six ans.

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Catherine, une quarantaine révolue, a fait le déplacement d’Irangya, un quartier périphérique de la ville, pour prendre part à ce culte pour le repos en paix des âmes des milliers de victimes dont fait partie sa tente maternelle.

« Les premières années de massacres, j’ai perdu ma tente maternelle et son époux. Ils étaient partis récolter le riz à Oicha qui devait être consommé au mariage de mon frère. Malheureusement, en pleine récolte, ils ont été surpris par des ADF qui les avaient tous tués. Depuis, les massacres ne cessent de se poursuivre. On ne sait à quel saint se vouer. Nous sommes fatigués. Les autorités semblent impuissantes. Notre dernier espoir c’est Dieu », s’est confiée à ACTUALITE.CD cette mère de neuf enfants, sur fond de larmes.

A quelques mètres de lui, au stade, se trouve Gilbert, 56 ans, a aussi perdu nombreux de ses proches dans ces massacres odieux.

« En grandissant, on n’avait jamais vécu de tels massacres. Même nos aînés disent n’avoir jamais vécu ça. C’est grave ce qui se passe à Beni. J’ai perdu de nombreux de mes proches qui habitaient aux environs d’Oicha. D’autres ont dû quitter la région, et nous vivons avec eux dans nos domiciles. C’est Oicha qui nous nourrissait ici à Butembo, parce que c’est là où nous avons nos champs. Mais avec ces massacres, on ne sait quoi faire. Nous espérons qu’il (Dieu) va exaucer nos prières et convaincre les ADF à cesser ces tueries contre leurs frères et sœurs. Nous sommes tous humains, pitié ! », implore Gilbert.

Ici au stade, une tribune sert d’autel, une chorale est présente pour agrémenter avec des louanges et adorations, un officiant célèbre le culte au terme duquel les participants, surtout les jeunes des mouvements citoyens et groupes de pression comptent se rendre au quartier général de Monusco, situé à hauteur du stade, pour un sit-in. Objectif : dénoncer l’inaction de la Monusco et exiger son départ.

Claude Sengenya