Meurtre des experts de l'ONU : le ministère public écarte l'hypothèse d'une planification à partir de Kananga

Procès du meurtre des experts de l'ONU à Kananga/Ph ACTUALITE.CD

Le général des brigades Cyprien Muwawu Tanzi,  officier du ministère public dans le procès sur le meurtre de deux experts de l'ONU au Kasaï Central en mars 2017 a, au cours de l’audience de ce jeudi 4 mars, écarté l'hypothèse d'un coup qui aurait été planifié à partir de Kananga, capitale provinciale du Kasaï Central.

Ceci à la lumière de l'analyse des relevés téléphoniques reprenant les échanges entre plusieurs acteurs notamment les principaux meurtriers présumés.

" Le meurtre ne résulte pas d'un appel téléphonique venu de Kananga comme certains prévenus ont affirmé ", a déclaré le magistrat militaire Cyprien Muwawu.

Et d’ajouter : " c'est un coup des miliciens de Bunkonde qui ont reçu l'information par Betu Tshintela, l'interprète qui devait se déplacer avec les experts ".

De l'analyse des échanges téléphoniques présentée ce jeudi à l'audience publique, il apparaît d'intenses échanges des SMS dans la matinée du 12 mars 2017, jour de l'exécution de deux experts et de leurs accompagnateurs congolais, entre d'une part, Betu Tshintela et Michael Sharp et de l’autre, entre le même Betu avec plusieurs personnes Innocente Bakanseka (ancienne ministre de la santé du gouvernement provincial et membre de la famille  Kamuina Nsapu), José Tshibuabua (agent de la Dgm décédé en détention), André Kamba, réparateur des motos basé à Bunkonde de même que Anthony Tshibasu et Sael Badi. Betu a aussi échangé avec Thomas Nkashama,  agent de la DGM et membre de la famille de Kamuina Nsapu en détention.

Le ministère public a révélé que Vincent Manga Kabasele, principal meurtrier présumé apparaît le 12 mars 2017  à 12h 32' 21" lorsqu'il achète le crédit de communication. Il a aussi révélé que durant cette même matinée du 12 mars, les appels de Betu Tshintela étaient pris en charge par une antenne de Kananga et qu'à partir de 11h 31' 29", les appels de Betu sont pris en charge par l'antenne de Bunkonde et que son dernier appel téléphonique passé avec José Tshibwabwa remonte à 12h 06' 17". Peu après, précise l'officier du ministère public, tous les habitants de Bunkonde qui étaient en contact avec Betu Tshintela disparaissent et ne communiquent plus.

" Nous pensons que ces personnes ont arrêté de communiquer car la mission était accomplie à savoir la mise à mort des experts ", a conclu le général Muwawu.

Peu avant la suspension de l'audience, le ministère public a promis de présenter les relevés téléphoniques d'après l'exécution des experts notamment entre Vincent Manga, Trésor Mputu et Jean Bosco Mukanda entre autres.

Quant à la comparution de la journaliste Sonia Rolley de RFI,  Gabriel Ilunga, président fédéral de l'Udps et un animateur radio local, tous cités comme renseignants, la cour a donné des instructions formelles pour que les invitations soient envoyées.

Selon l'animateur radio cité,  son invitation lui a été déposée ce jeudi pour l'audience de mardi 9 mars prochain.

Pour rappel, la journaliste Sonia Rolley de RFI est citée à comparaître comme renseignante car ayant produit plusieurs reportages sur ce meurtre. Quant au président de l'Udps et l'animateur radio, les deux devraient éclairer la Cour militaire sur l'affirmation faite lors d'une émission, selon laquelle la montre d'un des experts aurait été trouvée au bureau de l'ancien administrateur de l'ANR Kalev Mutond

Sosthène Kambidi