Procès Mouzoko : des prévenus nient d’avoir servi d’intermédiaire entre médecins locaux et miliciens Mai-Mai

Procès des présumés auteurs du meurtre de l'épidémiologiste de l'OMS/Ph ACTUALITE.CD

La Cour militaire opérationnelle du Nord-Kivu poursuit l’instruction de l’affaire de meurtre de l’épidémiologiste de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) abattu en avril 2019 en pleine crise d’Ebola à Butembo (Nord-Kivu). A la quatrième audience ce jeudi 25 février, les juges ont entendu cinq prévenus, des citoyens lambda accusés d’avoir servi d’intermédiaires entre les médecins locaux et des miliciens qui avaient achevé le docteur camerounais Richard Mouzoko.

Le ministère public a présenté ces prévenus comme des acteurs ayant servi de pont entre le groupe de médecins locaux et la milice recrutée pour assassiner l’expert de l’OMS, en vue de terroriser, et par conséquent, faire partir des prestataires non-originaires, impliqués dans la riposte contre la dixième épidémie d’Ebola.

Ces prévenus sont deux hommes et trois femmes.  Les hommes, Muhindo Pilipili et le nommé Isesomo, ont nié être membres d’une milice Mai-Mai, comme ils l’auraient affirmé devant le magistrat instructeur, à en croire leurs propos consignés dans les procès-verbaux.

Les trois autres prévenus sont des femmes vendeuses de la Kasikisi, une boisson indigène. Des femmes chez qui, les présumés exécutants de l’attaque, notamment un certain Pablo Boiteux et sa bande, auraient pris de la boisson avant et après l’attaque de l’hôpital.

Après cette audition, la Cour a ainsi clôturé l’instruction de la première infraction sur l’association des malfaiteurs. Elle devra amorcer ce vendredi 26 février l’infraction d’atteinte à la vie humaine et terrorisme.

Contexte

Ce procès a débuté lundi, près de deux ans après le crime. Au total, 25 personnes sont poursuivies pour « association de malfaiteurs et terrorisme ». Mais seuls 8 prévenus comparaissent, dont trois médecins à savoir les docteurs Kasereka Kasisivahwa Gilbert, Sangala Kisaka, et Luondo Paluku. A en croire le colonel Ndaka Mbwedi, « d'autres prévenus sont en fuite », après s'être évadés notamment lors de l'attaque dirigée contre la prison centrale de Kangbayi à Beni, en octobre 2020.

Au cours de ce procès, la Cour militaire opérationnelle ne se limitera pas au seul meurtre du docteur camerounais Richard Mouzoko. A en croire l'extrait de rôle consulté par ACTUALITE.CD, elle traitera aussi les dossiers des attaques contre l'Université adventiste de Lukanga, en territoire de Lubero, ainsi que contre le Centre de traitement d'Ebola (CTE) de l'Itav-Butembo. Cette dernière attaque avait coûté la vie à deux policiers entre mars et mai 2019, période caractérisée par des violences contre les équipes de riposte contre Ebola.

Claude Sengenya