Nord-Kivu : des ONGDH s'inquiètent des conditions de détention à Kinshasa des personnes citées dans le meurtre de Simba Ngezayo

Photo d'illustration/ACTUALITE.CD

Une vingtaine d’organisations de défense des droits de l’homme basées au Nord-Kivu alertent sur les mauvaises conditions de détention auxquelles sont soumises une cinquantaine des personnes arrêtées à Goma et environs dans le cadre du dossier de l’assassinat de l’opérateur Simba Ngezayo.

Dans un communiqué de presse rendu public à cet effet, ces défenseurs des droits humains formulent un certain nombre des recommandations dont le transfèrement à Goma de tous les prévenus arrêtés dans ce dossier depuis plus de trois mois maintenant mais dont le sort n’est jamais connu.

Ces organisations de défenseur des droits humains estiment en outre qu'étant donné que les indices sérieux de culpabilité ne pèsent que sur les trois auteurs matériels du crime , à  défaut de la liberté conditionnelle, les autres prévenus victimes des arrestations cavalières devraient être déférés devant leur juge naturel. 

« Au jour d’aujourd’hui, nous avons une cinquantaine des personnes arrêtées dans ce dossier. Toutes déjà transférées à Kinshasa.  Parmi elles, des gens qui ont été pris tout simplement parce que les recherchés n’étaient pas trouvés. Il y a des gens qui auraient été arrêtés dans le Buzi Bulenga, c’est au Sud-Kivu. Il y a des gens qui souffrent de maladies comme le diabète et autres qui nécessitent une certaine prise en charge médicale et nutritionnelle spéciales mais arrêtées loin de leurs et qui n’ont donc pas accès facile aux visites pour leur suivi. Il y a des pères et mères des familles qui ont été arrêtés parce qu’ils se trouvaient au mauvais endroit et au mauvais moment. Tous ces gens-là, souffrent à Kinshasa et ne savent à quel saint se vouer. Nous ne refusons pas que les vrais auteurs du meurtre soient connus mais aussi que les droits des personnes, détenues soient-elles soient respectés », a dit Placide Nzilamba, un des signataires du dit communiqué. 

Les trois présumés meurtriers de l'homme d'affaires Simba Ngezayo ont été  arrêtés mardi 3 novembre 2020 tard dans la soirée à Birere à Goma puis  transférés le lendemain à Kinshasa pour la suite de la procédure. L'information avait été  confirmée par le porte parole de la 34e région militaire, le major Njike Kaiko Guillaume sans donner plus des détails.

« Étant donné que les trois présumés auteurs matériels auraient été appréhendés avec les armes du crime et autres effets l'ayant facilité ,nous sommes déjà légalement parlant dans une situation de flagrance dans laquelle il est recommandé de déférer immédiatement les prévenus devant leur juge naturel afin qu'ils soient entendus et jugés conformément à loi. C’est donc une demande que nous adressons à l’auditeur général des FARDC et au conseil supérieur de la magistrature. Les procès en flagrance ont également un caractère pédagogique. Comment est-ce que cela sera possible alors que des gens, nous présumons parmi eux des innocents, ont déjà été transférés à Kinshasa alors que le fait s’est passé à Goma ? Plus encore, il y a eu des présumés ADF qui endeuillent jour et nuit la région de Beni et il y a des capturés par les FARDC. Combien ont-ils déjà été transférés à Kinshasa pour le procès ?  », s’est par la suite demandé M. Nzilamba.

Dans leur document, les défenseurs des droits humains basés au Nord-Kivu se montrent sceptiques quant à la neutralité de l'auditeur instructeur de ce dossier en raison de ses liens  avec une partie au procès. Il lui reproche également d'avoir des antécédents graves avec la justice dont des traitements inhumains des prévenus.

Les organisations de défense des droits humains recommandent en fin à la Belgique de ne pas s'immiscer dans les affaires en cours de traitement par les instances judiciaires congolaises et invitent les politiques à s'abstenir des pressions sur le juge.

L’homme d’affaires Simba Ngezayo a été tué par balle le 3 novembre 2020 à Goma lorsqu’il déposait son enfant à une école située au quartier Les volcans au centre ville. Son meurtrier était sur une moto, ont confirmé plusieurs sources.

Jonathan Kombi, à Goma