Nord-Kivu : un mort et des blessés dans des manifestations contre l’achat de plaque minéralogique à Butembo

Photo ACTUALITE.CD.

La tension était vive ce vendredi 8 janvier dans la ville de Butembo. Dès le matin, des échauffourées ont opposé les éléments de la police aux groupes des conducteurs des taxi-motos qui s’opposent à l’achat de plaque minéralogique exigée par la province à tous les détendeurs des motos. La situation a dégénéré dans plusieurs endroits du centre-ville. On a assisté à des heurts entre policiers et manifestants. Ce qui a été à la base des coups de feu entendus en ville. Un jeune a été atteint d’une balle perdue à Furu.

Le jeune garçon tué est âgé d’une douzaine d’années. Ce domicilié de Furu, une cellule située dans la périphérie nord de Butembo est mort après avoir été atteint d’une balle perdue lors des échauffourées qui ont opposé les éléments de la police aux jeunes manifestants, essentiellement des taxi-motos qui s’opposent à l’achat de plaque minéralogique, a rapporté à la presse Léon Tsongo, un des jeunes activistes de Butembo. Son corps a été déposé à la morgue de Matanda, poursuit la même source.

Au cours des mêmes manifestations, trois autres personnes ont été blessées. Il s’agit de deux jeunes filles âgées respectivement de 15 et 25 ans, qui ont été touchées par des balles perdues, ainsi qu’un officier de la police tamponné par un taximan en colère. Ces blessés ont tous été dépêchés aux soins.

Un vendredi sans activités

Ces échauffourées ont été à la base de la paralysie des activités dans la ville de Butembo. Des altercations ont débuté autour de 9 heures, au centre-ville. Des policiers de circulation routière qui voulaient poursuivre le bouclage, amorcé jeudi dernier, ont rencontré une forte résistance des taxi-motos qui jugent cher le prix de la plaque.

Ces derniers ont barricadé les artères principales, notamment la Rue Président de la République ainsi que les boulevards Julien Paluku et Denis Paluku. Ce qui a attisé la colère des policiers, déployés pour les disperser et ouvrir les artères.  Aux jets de pierre des manifestants, les policiers répondaient par des coups de balles. Ces coups de ont été entendus jusqu’en début d’après-midi. Des boutiques et magasins qui avaient ouvert leurs portes les ont refermées, occasionnant ainsi une paralysie d’activité.

Le commissariat urbain ad intérim de la police regrette ces manifestations, alors qu’avant le lancement du bouclage, ils se sont, d’après lui, entretenu avec le responsable de l’ATAMOV, une puissante association des taxi-moto de la ville. Ils appellent les conducteurs de taxi à s’exécuter et épargner la ville commerciale des tensions inutiles.

« Vous voyez, la ville de Butembo est aujourd’hui paralysée. Or, Butembo est une ville commerciale, et tous les magasins sont fermés, parce que les gens ne veulent pas payer de plaque.  Ce qui présente un manque à gagner. Je demande aux motards d’aller acheter une plaque. La population doit suivre l’instruction de l’autorité publique. C’est pour leur intérêt. Pour les cas de kidnapping, les kidnappeurs utilisent toujours les motos, les voleurs des motos. Donc les criminels recourent aux motos. Nous sommes dans l’obligation d’identifier les motos, et pour bien les identifier, elles doivent avoir des plaques. Et la plaque revient seulement à 25 dollars. Nous on ne fait qu’exécuter l’ordre du gouverneur. On ne va pas reculer », a déclaré le lieutenant-colonel Polo Ngoma, commissaire supérieur ad intérim de la police en ville de Butembo. 

Un problème de stratégie ?

A la DGR-NK, un agent évoque à ACTUALITE.CD un problème de stratégie de la part de l’autorité publique qui a décidé d’amorcer le bouclage très tôt, sans évaluer auprès de la régie la tendance dans l’achat de plaque. D’après lui, depuis quelques jours, des particuliers commençaient à se doter des plaques.

« Je crois que la stratégie n’a pas été bonne pour la vente de plaques. On devrait s’abstenir de mener des bouclages si tôt, parce qu’au niveau de notre bureau de Butembo par exemple, on vendait en moyenne une plaque la semaine, mais depuis le message des autorités, on commençait à vendre jusqu’à 30 plaques le jour, comme hier (jeudi). En tout cas, les particuliers commençaient déjà à se doter de plaques. Mais ce bouclage précipité risque de gêner la situation, parce que quand les particuliers vont voir les taximen s’opposer, ils risquent de ne plus s’exécuter. Nous comme l’Etat, ça vaut la peine qu’on revoit la stratégie dans l’intérêt de tous », a déclaré à ACTUALITE.CD cet agent de la DGR-NK-Butembo qui a requis l’anonymat.

C’est depuis fin 2020 que la province a décidé de la vente de la plaque minéralogique pour tous les conducteurs des taxi- motos. C’est la Direction générale des recettes du Nord-Kivu (DGR-NK) qui se charge de la perception de la livraison de cette plaque qui revient à 25 dollars américains. Objectif : lutter contre la criminalité en province, en identifiant les propriétaires des motos et fournir à la province les moyens de sa politique.

Claude Sengenya