Dossier passeport : en évitant l’interpellation de Marie Tumba Nzeza à l’Assemblée nationale, Mabunda veut « protéger la bande de mafia », accuse le député Kasekwa

Passeport congolais en vigueur/Ph ACTUALITE.CD

Après le rejet jeudi 15 octobre de l’interpellation de la ministre d’Etat des affaires étrangères, Marie Tumba Nzeza à l’Assemblée nationale, le député Jean Baptiste Kasekwa, auteur de cette initiative charge la présidente de l’Assemblée nationale, Jeanine Mabunda de vouloir « protéger la bande de mafia » de l’ancien régime dans la chaîne de production de passeport biométrique congolais.

« On nous a suffisamment volé dans l’exécution du contrant SEMLEX. Figurez-vous que le passeport se payait officiellement à 180 USD, mais nous avons certains témoignages des compatriotes qui ont dû payer 380 USD, 250 USD. Moi je suis élu de Goma, lorsque les agents du ministère des affaires étrangères venaient à Goma, il exigeant 280 USD, pourtant dans certains pays voisins, les citoyens accèdent au passeport même à 20 USD. SEMLEX fournit le passeport au Gabon à 77 USD. Dans les 180 officiellement fixés comme prix, il est dit que l’Etat congolais empoche 60 USD, et que 120 USD reviennent à SEMLEX. », a dit à ACTUALITE.CD le député Jean Baptiste Kasekwa.

L’interpellation était initiée en mai dernier, peu avant l’expiration du contrat de cinq ans qui liait la RDC et la société SEMLEX. Marie Tumba Nzeza devait dire notamment pourquoi le pays n’a plus conclu un autre marché pour la production, près de cinq mois depuis l’échéance du premier contrat.

« Mais j’ai discuté avec les gens de SEMLEX qui disent qu’eux sollicitaient d’ailleurs qu’on réduise le coût des passeports, pour leur permettre de produire une grande quantité, ce qui leur permettrait d’obtenir un retour sur l’investissement, mais qu’on lui a imposé de fixer sa part à 120 USD, au départ c’était 108. Ça montre qu’en ce moment-là, 12 USD revenaient à des individus membres du gouvernement, et puis vous avez les témoignages de tous ceux qui intervenaient dans la chaîne de cette mafia, donc il y a cette bande de mafia que Mabunda tient à protéger. », a ajouté M. Kasekwa.

L’affaire du passeport congolais défraie chronique depuis des mois, voire années. Plusieurs observateurs ont soupçonné le régime Kabila de détenir une grande part dans les fonds générés par la vente de passeport.

Selon Reuters, $700.000 auraient été versés par des sociétés proches de SEMLEX sur des comptes d’Emmanuel Adrupiako, l’assistant financier de Joseph Kabila, et ce dans les mois suivants la signature du contrat en 2015. Selon les estimations de la Campagne le Congo n’est pas à vendre, avec plus de 600.000 passeports vendus depuis l’entrée en vigueur du contrat SEMLEX, la société écran proche de Kabila pourrait avoir encaissé plus de $36 millions de dollars.