RDC : l’évêque d’Uvira, Mgr. Sébastien Muyengo interpelle Tshisekedi au sujet de l’érection de Minembwe en commune rurale

Mgr. Sébastien Muyengo en conférence de presse/Ph. droits tiers

Au cours d’une conférence de presse tenue ce lundi 5 octobre à la paroisse Sainte Anne à Gombe (Kinshasa), l’évêque d'Uvira (Sud-Kivu), Mgr. Sébastien Muyengo a abordé l’épineuse question de l’installation officielle des autorités administratives de la commune rurale de Minembwe.

Pour Mgr. Sébastien Muyengo, l’érection de Minembwe en commune rurale est une tentative de créer tout un territoire pour les membres de la communauté Banyamulenge, identifiés comme des Congolais d'origine rwandaise et d'ethnie tutsi. Ce qu’il qualifie d’une humiliation.

" Pour nos populations, la commune de Minembwe est le dernier coup de maître après l'échec du pouvoir du rassemblement pour la démocratie (RCD), d'obédience rwandaise à l'époque, de créer tout un territoire dans la province pour nos frères Banyamulenge, identifiés comme des Congolais d'origine rwandaise et d'ethnie tutsi. Hier, c'était la question de la nationalité, aujourd'hui, c'est celle de la terre. Mais si on peut attribuer la nationalité à qui la demande et la mérite, on ne distribue pas la terre sous n'importe quelle condition. Aussi, plutôt que parler de commune rurale, nos populations considèrent qu'il s'agit de "terres ou territoires occupés", par défi. Ce qui constitue une humiliation pour elles », a-t-il déclaré.

L’évêque d'Uvira a interpellé le Chef de l’Etat Félix Tshisekedi à prendre ses responsabilités afin de réglementer cette affaire.

" Avec nos populations, nous nous posons dès lors ces questions : 1. Que dit le président de la République, Monsieur Félix Antoine Tshisekedi, à ce sujet ? Va-t-il continuer à affirmer qu'il n'y est pour rien dans cette situation parce qu'elle date d'avant son arrivée au pouvoir ? Lorsqu'on devient président de la République, on prend en charge le destin du pays avec aussi bien son passé, son présent et son futur. Concernant la commune de Minembwe, on ne cessera pas de s'interroger sur la responsabilité du Président Félix Tshisekedi, quand on sait que le maître d'œuvre de l'entreprise est celui-là même qui est à la tête de ministère de la décentralisation et de réforme institutionnelle depuis le règne de son prédécesseur jusqu'au sien. Plus que le programme de 100 jours, le problème de la commune de Minembwe constitue un test pour le Chef de l'Etat : Pour qui roule-t-il finalement ? Pour le "peuple d'abord", comme le jurait son père, ou pour ceux qui, comme on l'entend, l'ont placé au trône afin de servir de lui pour en arriver là ? Nous craignons que s'il laisse faire le cas de Minembwe, le processus de démembrement du pays, ou de ce que l'on appelle "balkanisation", soit amorcé avec sa complicité. Ce qui en droit constitutionnel constitue une "haute trahison ", a ajouté Mgr. Sébastien Muyengo.

Contexte

Plus d’une année après leur nomination par l’ancien président Joseph Kabila, le bourgmestre de la commune rurale de Minembwe, M. Gaz Mukiza et son adjoint ont été installés officiellement lundi 28 septembre par le ministre provincial de l’intérieur du Sud-Kivu.

La cérémonie a vécu à Minembwe, cette nouvelle commune érigée dans le territoire de Fizi. C’était en présence d’une forte délégation, composée du ministre de la défense et des anciens combattants, M. Aimé Ngoy Mukena, son collègue de la décentralisation, M. Azarias Ruberwa, du chef d’état-major général de l’armée, le général Célestin Mbala, du gouverneur du Sud-Kivu, M. Théo Ngwabidje, ainsi que des députés nationaux dont ceux de la commission défense et sécurité de l’Assemblée nationale.

Cette installation des nouveaux animateurs de la commune rurale de Minembwe intervient alors que l’entité est secouée, depuis près de 4 ans, par une crise sécuritaire sans précédent. Des milices mai-mai, opposées à l’érection de Minembwe comme commune rurale s’affrontent à une coalition des groupes armés Ngumino, Makanika, Twigwaheno et Androïd. Le gouverneur du Sud-Kivu pense que l’installation des nouveaux animateurs de Minembwe, issus des communautés différentes, pourra permettre l’instauration de la paix dans cette entité.

Jordan MAYENIKINI