RDC- reddition des miliciens en Ituri: "il ne faut pas donner aux victimes l'impression qu'on prime leurs bourreaux"( A. Abdoul Thioye)

Photo d'illustration/ACTUALITE.CD

Le chef de bureau conjoint des Nations Unies en République Démocratique du Congo appelle au respect des impératifs de justice dans le traitement du dossier de reddition des miliciens CODECO, auteurs présumés des violences en vogue depuis fin 2017 dans la région de l'Ituri, dans l'Est du Congo. Intervenant ce mercredi à la conférence de presse de la MONUSCO, Aziz Abdoul Thioye appelle les autorités à penser aux victimes qui ont également besoin de la justice, au-delà des impératifs de paix.

"Les conditions dans lesquelles cela se passe [l’initiative présidentielle en Ituri], nous (la mission des Nations Unies) ne sommes pas impliqués, donc nous ne pourrons peut-être pas nous prononcer là-dessus.  Mais, ce qui est clair, c’est que la recherche de la paix ne devrait pas se faire au détriment des impératifs de justice. C’est clair. Il y a un temps, c’est vrai, pour la paix, il y a un temps pour la justice, mais il est aussi important de faire attention aux victimes, aux communautés qui ont été affectées. Les principes sont très clairs : il faut lutter contre l’impunité, il faut créer les conditions pour une réintégration communautaire, mais il faut aussi s’occuper des victimes, les communautés et les individus qui ont vécu dans leur chair cette violence-là. Qu’on ne leur donne pas l’impression qu’on donne la prime aux auteurs, à ceux qui ont tué, pillé et violé", a-t-il prévenu.

En avril dernier, le chef de l'État Félix Tshisekedi a confié une mission de pacification de l'Ituri aux ex-seigneurs de guerre Thomas Lubanga, Germain Katanga, Floribert Ndjabu et à Pitshu Iriba. En juillet, les trois derniers ont fait une tournée dans certains villages de l'Ituri, pour sensibiliser les miliciens au désarmement. Jusque maintenant, des sources concordantes signalent que plus près de 10 000 miliciens de CODECO sont prêts à rendre les armes pour se joindre aux efforts de pacification et de développement du pays.

Le processus de leur désarmement, démobilisation est en  cours, sous l'égide de présidence de la république, en dépit des difficultés de moyens. 

Aziz Abdoul Thioye appelle le pays à créer des conditions pouvant encourager d'autres miliciens à se rendre.

"La MONUSCO n’est pas impliquée. Le seul commentaire que je pourrais faire en tant que représentant des droits de l’homme,c’est de dire d’abord que la paix n’a pas de prix. Je pense que je l’ai dit ici à plusieurs reprises : il est important de créer les conditions pour que ceux qui ont pris les armes puissent les déposer. Parce qu’en tout, l’élément le plus important, c’est de sauver des vies. Créer les conditions pour qu’il n’y ait plus aucune vie qui soit perdue est, je pense, un impératif supérieur par rapport à tout autre impératif. Donc, c’est extrêmement important. ", a-t-il ajouté.

Auguy Mudiayi