Le Prix Nobel de la Paix, Denis Mukwege ne lâche pas. Malgré les menaces de mort contre lui, il annonce une journée de mobilisation le 1 octobre prochain à Bukavu afin d’exiger la mise sur pied d’un tribunal spécial pour juger les auteurs des crimes graves commis en RDC.
Lors d’un échange ce jeudi 3 septembre à l’hôpital Panzi avec des femmes survivantes des violences sexuelles, Mukwege a demandé aux femmes de se mobiliser en faveur du rapport mapping qui énumère un certain nombre des crimes commis au pays entre 1993 et 2003.
« Je vais inviter toutes les femmes le 1 octobre. Que celles qui n’auront pas les pieds se les taillent déjà. Nous allons demander justice pour tous les congolais tués, violés, que le monde entier sache que les congolais aussi ont droit. Tous ces viols et tueries sont repris dans le rapport mapping. Nous allons distribuer à toutes les femmes les copies de ce rapport. Il faut que le monde entier et nous-mêmes sachions que les femmes de la RDC exigent la vérité.», a-t-il déclaré.
Il a expliqué ce que vise cette démarche : « La vérité ne veut pas dire emprisonner les gens. La vérité que nous demandons ne signifie pas tuer les gens. La vérité que nous demandons veut dire que toute personne qui a commis le mal puisse le reconnaître, qu’elle demande pardon et qu’elle promette de ne plus répéter. C’est ça la vérité. Nous demandons la justice de réparation des maux commis. Nous allons nous retrouver à cette date-là avec toutes les victimes pour que nos droits soient reconnus. », a ajouté Denis Mukwege.
Le gynécologue congolais appelle également l’humanité à ne pas demeurer indifférente face à cette requête.
« Pour tous les crimes commis à travers le monde, il y a eu des tribunaux pour juger les auteurs, et pourquoi pas nous ? Si nous ne le demandons pas, nous ne l’aurons jamais, et c’est maintenant le moment. Ne vous taisez pas, levez-vous, femmes, que le monde entier sache que vous avez droit et vous méritez d’être bien traitées. Ce n’est pas possible que les congolais soient traités comme des mouches. S’ils refusent de nous accorder le tribunal, c’est-à-dire nous ne partageons pas la même humanité. », a affirmé le Dr Denis Mukwege.
Le plaidoyer de l’initiateur de l’hôpital Panzi date de plusieurs années. Le débat sur le rapport mapping publié par l’ONU en 2010 a de plus en plus de place dans des discussions informelles au pays. Mais en attendant, les violences se poursuivent dans plusieurs provinces de l’est du pays, notamment au Nord-Kivu, Sud-Kivu et en Ituri. Des millions de personnes sont déplacées ou réfugiées suite aux affrontements entre les milices ou ces dernières contre les forces loyalistes.
Justin Mwamba