L'International Crisis Group (ICG) a, dans un rapport publié ce mercredi 15 juillet, noté les limites de l’action militaire dans la lutte contre l’activisme du mouvement CODECO dans la province de l’Ituri. L’opération “Zaruba ya Ituri” (tempête de l'Ituri) lancée en 2019, est particulièrement pointée du doigt.
Après avoir libéré plusieurs endroits, dont la forêt de Wago, sanctuaire présumé des miliciens lendu, reprise le 26 juin 2019, les FARDC ont provoqué l’éparpillement des miliciens dans une zone qu’ils maîtrisent et où ils bénéficient de la protection de certains membres de leur communauté Lendu.
« Par la suite, les miliciens ont pu semer la terreur parmi les populations civiles, y compris dans les camps de déplacés, et réoccuper les localités d'où ils avaient été chassés. Ces opérations militaires ont également ravivé les tensions entre Hema et Lendu ; ces derniers perçoivent négativement les militaires, qu’ils considèrent comme les alliés naturels des Hema. Enfin, les officiers de l’armée accusent publiquement la communauté Lendu d’être de connivence avec les groupes armés locaux et étrangers, ce qui détériore encore davantage les relations entre communautés », écrit ICG.
Les attaques se sont alors étendues au-delà du territoire de Djugu, touchant une vaste zone géographique comprenant notamment les territoires de Mahagi et d’Irumu, voisins de Djugu, et ciblent aussi plusieurs autres communautés dont les Alur.
L’ICG note, par exemple, qu’en janvier 2020, après l’escalade de violence dans la province voisine du Nord-Kivu, l’armée avait dégarni ses positions en Ituri, laissant la voie libre aux miliciens lendu qui, par la suite, ont repris le contrôle de 22 villages dans les chefferies de Bahema-Bajere et Bahema-Nord, dans le territoire de Djugu. Ils avaient également récupéré deux groupements de la chefferie de Mokambo, dans le territoire de Mahagi, et la totalité de Walendu-Pitsi, en Djugu.
La société civile de l’Ituri a plusieurs fois demandé que le commandement militaire basé dans cette province soit changé. De son côté, le député Juvénal Munubo, rapporteur de la commission défense et sécuritaire, a appelé à l’évaluation de l’opération militaire “Zaruba ya Ituri”, particulièrement dans sa deuxième phase.