Lutte contre ADF : malgré les opérations d'envergure, « l’ennemi est resté actif, la population attend toujours la fin de carnage » Mbusa Nyamwisi

Ph/actualite.cd

L'ancien ministre congolais des affaires étrangères, Antipas Mbusa Nyamwisi a salué ce jeudi 2 juillet 2020, les avancées enregistrées dans la traque des combattants d’Allied democratic forces (ADF) grâce aux opérations des FARDC dites d’envergure dans la région de Beni, dans l’Est du pays. 

Cependant, le leader du RCD/KML a, dans une interview exclusivement accordée à ACTUALITÉ.CD, noté que les rebelles ougandais sont restés actifs, et continuent de perpétrer les tueries. ADF a par contre étendu son champ d’action à d’autres zones qui n’étaient pas touchées par les attaques depuis 5 ans, note-t-il.

"Depuis que ces opérations, dont nous avons par ailleurs salué le lancement, ont été déclenchées,  il faut reconnaître qu’en dépit des avancées réalisées, telles que le communiquent souvent les Forces Armées de la RDC, l’ennemi est toujours resté actif mais s’est maintenant beaucoup plus tournés vers les zones qui n’étaient pas touchées auparavant. Ce qu’il faut donc souligner c’est qu’il y a effectivement un travail qui s’est réalisé et qui se réalise depuis le déclenchement desdites opérations mais la population attend toujours le résultat final c’est-à-dire la destruction totale de l’ennemi et la fin de ce carnage qui n’a fait que trop duré.", déclare Mbusa Nyamwisi.

En effet, plusieurs bastions rebelles ont été conquis par l’armée congolaise après des mois d’intenses combats. C’est notamment Lahe, Mwalika et Medina conquis durant les quatre premiers mois des opérations. A ceux-là s’ajoutait “Wold Space” qui était devenu le QG stratégique des rebelles. A ce stade, l’armée affirmait avoir réduit la capacité de nuisance de la rébellion de 80% à 20%.

Depuis octobre 2014, plus de 3000 personnes ont été tuées dans une série d’attaques des combattants ADF, selon la société civile locale. Les militaires paient également de lourds tributs. 

"Nous continuons à déplorer et à pleurer nos morts civils et militaires dans cette région de la RDC, parce qu’une seule personne tuée sera toujours une mort de trop, que la vie humaine est sacrée et que l’Etat a la constitutionnelle obligation de la respecter et de la protéger." compatit M. Nyamwisi.

En août 2019, l’armée congolaise, par la bouche de son porte-parole adjoint, le général Sylvain Ekenge avait donné un bilan de plus de 1600 soldats tués dans les combats contre ADF depuis 2014. 

En janvier de cette année, les FARDC annoncaient qu’en l’espace de deux mois, 60 militaires étaient morts sur le champ de bataille et 175 autres blessés.

Les opérations “d'envergure” lancées fin octobre 2019 dans la région de Beni ont provoqué la colère des combattants ADF qui ont tué plus de 514 civils en l'intervalle de 8 mois selon le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme.

Yassin Kombi