La sénatrice Victorine Lwese a réagi, au cours de la plénière de ce mardi 16 juin, à l'empêchement des députés nationaux d'accéder au palais du peuple par la police le 12 juin dernier sur ordre du procureur général près le Conseil d'État. Elle demande à ses collègues sénateurs de défendre les droits des parlementaires et les libertés du peuple.
L'élue du Kasaï pense que la démocratie n'est pas un "acquis" mais elle nécessite une défense quotidienne.
" La démocratie n'a jamais été un acquis, elle est à défendre chaque jour. Si aujourd'hui, nous ne défendons pas la liberté qui est garantie par la constitution, nous n'aurons que nos larmes pour pleurer. Je n'ai pas peur de dire ce que je pense car la peur contribue à inhumer les droits fondamentaux des peuples. Je refuse d'être complice de cette inhumation et je vous invite tous, chers collègues sénateurs à défendre les droits des parlementaires et les libertés de notre peuple", a exhorté la sénatrice Victorine Lwese.
Cette élue des élus voit une peur s'installer aux motifs que les "immunités parlementaires" qui sont le socle des droits des parlementaires sont "bafouées". Elle dénonce aussi la complicité de certains de ses collègues.
" J'ai peur de prendre parole puis que les immunités qui constituent le socle sur lequel sont érigés les droits des parlementaires sont bafoués et foulés au pied. Ces immunités ne bénéficient actuellement d'aucune protection malgré l'affirmation expresse des concluants. J'ai peur de prendre la parole parce que je ne suis pas sûre qu'après avoir dit ce que je pense, je serai encore en sécurité. J'ai peur de prendre la parole parce qu'il y a une nouvelle doctrine qui soutient que le bâtiment abritant notre siège ne bénéficient pas de l'inviolabilité. Ce qui signifie que pendant que je vous parle ici, la police au service du gouvernement peut débarquer dans cet hémicycle et m'embarquer immédiatement avec l'appui de certains collègues qui sont présents avec nous ici. Donc, la protection essentielle consiste à raboter les immunités des sénateurs", dénonce-t-elle.
Et de poursuivre :
" Plus grave encore honorable président [du sénat Alexis Thambwe Mwamba], pendant qu'on débat ici, il y a parmi nous certains de nos collègues qui sont entrain de nous enregistrer pour envoyer nos paroles symboliques de liberté à leur état major parce que la liberté de parole est incompatible à leurs visions du monde. Dans ces conditions, comment voulez-vous que le travail parlementaire se fasse avec sérénité dans l'intérêt de nos populations ?".
Vendredi 12 juin dernier, le procureur général près le Conseil d'État avait réquisitionné la police nationale congolaise (PNC) pour empêcher la tenue de la plénière qui devait élire le premier vice-président de l'Assemblée nationale en remplacement de Jean-Marc Kabund déchu le 25 mai dernier par la plénière. Ce dernier avait saisi le Conseil d'État pour ordonner la surséance du calendrier électoral, en attendant l'arrêt de la Haute Cour. Cependant, la police avait, après être réquisitionnée, empêché tout entrée dans ce palais. C'est ainsi que même les sénateurs qui n'avait rien avoir avec la plénière à la chambre basse ont été victimes. Les sénateurs ont débattu de cette question tout au long de la dite plénière.
Berith Yakitenge