Ituri : les miliciens de CODECO prétendent commettre des atrocités pour protéger une communauté ethnique, d’après l’armée

Photo ACTUALITE.CD.

Les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) par le truchement de leur porte-parole du secteur opérationnel en Ituri, le lieutenant Jules Ngongo indiquent que les miliciens de CODECO commettent des violences contre les civils sous prétexte qu’ils veulent « protéger » les membres de la communauté Lendu, majoritaires dans cette milice.

Même si ce prétexte n’est pas encore vérifié, plusieurs victimes des atrocités dans le territoire de Djugu tout comme récemment dans le territoire de Mahagi, ne sont pas de la communauté Lendu, d’après notamment le rapport du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme.

« Cette milice de CODECO s'est condamnée déjà d'ailleurs sans procès suite aux multiples crimes contre la population. Leur motivation est de protéger le peuple Bale (Lendu). Mais alors posons-nous une question ; quel rapport entre protéger et tuer les Hemas, Alurus, Mambisa, Ndo-okebo, Nyalis et voir même les Bale (Lendu) qu'on prétend protéger ? C'est une confusion totale ça », a affirmé samedi dernier à ACTUALITE.CD le porte-parole des FARDC en Ituri.

L'officier appelle une fois de plus cette milice à déposer les armes.

« Ces Miliciens doivent profiter du Pardon de la République pour participer à la pacification et la reconstruction de notre pays, car ils sont quasiment les fils du milieu. Au cas contraire, ils vont subir le châtiment de la République à travers les forces loyalistes car nous allons continuer de les traquer et neutraliser tous les jours dans nos différentes opérations militaires lancées contre eux. Une milice ne sera aucunement au-dessus d'une armée républicaine », a ajouté le lieutenant Jules Ngongo.

Dans un rapport publié vendredi dernier, Mme Bachelet, Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme a exprimé de crainte que les communautés victimes des attaques de la milice CODECO ne puissent se constituer en forces d’autodéfense.

« Jusqu’à présent, et à leur grand crédit, les communautés ciblées se sont abstenues de riposter. Cependant, en l’absence de protection par des forces de sécurité et de défense efficaces, il existe un risque sérieux que les communautés se sentent obligées de former des groupes d’autodéfense, ce qui exacerberait très probablement une situation déjà désastreuse. », a redouté la Haut-Commissaire aux droits de l’homme.

Le rapport indique qu’entre le 1er octobre 2019 et le 31 mai 2020, au moins 531 civils ont été tués par des groupes armés en Ituri, dont 375 depuis mars. L’armée et la police auraient également tué 17 civils au cours de la même période. 

Comme le Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme l’avait dit dans son rapport publié en janvier dernier, Mme Michelle Bachelet prévient que les tueries dans à Djugu et Mahagi « pourraient présenter des éléments constitutifs de crimes contre l’humanité » voire de « crime de génocide ».

Les violences déclenchées fin 2017 dans le territoire de Djugu ont déjà fait des centaines de morts, des villages entiers incendiés, plus de 300 000 déplacés internes selon le HCR et plus de 3 millions d’après la société civile de l’Ituri qui fait également état d’au moins 600 personnes tuées par les miliciens depuis le début de cette année dans cette partie du pays.

Franck Asante, à Bunia