Le rapport du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme publié ce vendredi 5 juin 2020 est accablant en ce qui concerne la région de Beni. 514 civils ont été lâchement tués ces 8 derniers mois par les combattants d’Allied democratic forces (ADF) « à l’aide de machettes, de haches et d’armes lourdes ». Ce bilan macabre ne prend pas en compte 77 civils tués par les mêmes combattants dans la province de l’Ituri, précise le rapport.
Ces tueries ont été perpétrées sous les pressions de l’armée congolaise qui a déclenché des opérations « d’envergure » fin octobre de l’année dernière contre cette rébellion étrangère dans la région de Beni. Le rapport indexe également « les forces de défense et de sécurité impliquées, dans l’exécution extrajudiciaire par les FARDC de 59 civils et la PNC de 24 autres. ».
« J’appelle les autorités congolaises à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour établir l’autorité de l’Etat dans ces deux zones de conflit, y compris par le déploiement ou l’élargissement de la présence des forces de sécurité, et pour s’assurer qu’elles protègent les civils plutôt que de s’en prendre à eux », a déclaré la Haut-Commissaire aux droits de l’homme qui fait état de plus de « 400.000 personnes ont été déplacées dans le Nord-Kivu. »
A l’instar des atrocités en cours dans les territoires de Djugu et Mahagi, Mme Bachelet dit les affres de guerre au Nord-Kivu Beni peuvent « constituer des crimes contre l’humanité ou des crimes de guerre »
« La protection des civils relève de la responsabilité de l’Etat et lorsque l'État laisse un vide, d'autres acteurs ont tendance à le remplir. En RDC, l’expérience passée montre que cela peut avoir des résultats catastrophiques. », interpelle-t-elle.
Les combattants ADF ont multiplié leurs attaques contre les civils depuis mars dernier dans la région de Beni. Jusqu’à fin mai, ces combattants ont mené plusieurs incursions autour de la cité d’Oicha. Récemment, ils ont attaqué pour la première fois des civils près de la localité de Lume, dans le secteur Ruwenzori. Au moins 4 personnes ont été tuées.
Patrick MAKI