La Cour pénale internationale (CPI) a exprimé ce jeudi 4 juin 2020 sa « préoccupation » suite aux violences en cours dans les territoires de Djugu et Mahagi, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), suite à l’activisme des miliciens de CODECO.
La Cour évoque notamment des « actes de meurtre, de mutilation, des pillages systématiques » qui sont perpétrés dans cette partie du pays et qui « pourraient constituer des crimes relevant de la compétence de la Cour pénale internationale (« la CPI »). »
« Je suis profondément préoccupée par les nombreux rapports signalant une montée de violences graves depuis plusieurs mois en Ituri, en République démocratique du Congo (« RDC »), et plus particulièrement dans les territoires de Djugu et Mahagi. Des informations crédibles indiquent de nombreuses attaques armées, contre la population civile. Ces attaques se sont intensifiées ces derniers mois sur plusieurs territoires de l'Ituri. De plus, elles signalent le meurtre et la mutilation de nombreuses personnes civiles, dont de nombreux enfants ; des enlèvements et des exécutions sommaires ou extrajudiciaires ; des crimes sexuels et à caractère sexiste contre des femmes, des filles mineures et des hommes ; des pillages systématiques ; des incendies et des destructions de maisons, de propriétés privées et d'édifices publics. », déclare Fatou Bensouda, Procureure de la CPI.
Elle fait également état des « attaques répétées contre des camps de personnes déplacées internes et des communautés ciblées. ».
En septembre 2019, au moins deux attaques avaient ciblé les camps des déplacées dans le territoire de Djugu, dont l’un hébergeait plus de 1500 déplacés internes, au village Loku, situé à 7 km du centre commercial de Bule, dans la chefferie de Bahema Badjere. Au moins sept personnes avaient perdu la vie.
D’après un rapport du Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme, les tueries dans le territoire de Djugu « pourraient présenter des éléments constitutifs de crimes contre l’humanité » voire de « crime de génocide ».
« Je tiens à rappeler à tous les groupes et parties concernés que nous avons ouvert une enquête en RDC en 2004, et que mon Bureau continue de surveiller avec une extrême vigilance la situation sur toute l'étendue du territoire congolais, y compris celle qui prévaut actuellement dans les territoires de l'Ituri. J'appelle tous les groupes et toutes les parties à cesser sans délai toutes les attaques, notamment contre la population civile, et à s'abstenir de recourir à toute violence criminelle contraire au Statut de Rome de la CPI.», ajoute Mme Bensouda.
Des milliers de civils ont fui plusieurs villages de Djugu et Mahagi et vivent actuellement dans des camps de fortune notamment à Bunia et d’autres ont dû traverser les frontières pour se réfugier en Ouganda. Plus de 600 personnes ont été tuées depuis le début de cette année à Djugu, d’après la société civile de l’Ituri.
Pour rappel, à la suite des guerres civiles éclatées en Ituri en 1999, la CPI avait réussi à arrêter et juger notamment des anciens chefs de guerre parmi lesquels Thomas Lubanga qui a recouvré sa liberté après une dizaine d’années de détention.
Patrick MAKI