Dossier 100 Jours : la campagne le « Congo n’est pas à vendre » appelle les autorités tant politiques que judiciaires à laisser les juges travailler en toute indépendance

ACTUALITE.CD

Communiqué

Nos organisations membres ont suivi avec attention et peine les différents échanges entre le ministre de la Justice et les hauts magistrats de nature à discréditer l’ensemble de notre appareil judiciaire. La déportation de deux juges et leurs suspensions pour des soupçons de corruption constituent un message négatif envers une population de plus en plus mobilisée pour combattre la corruption et soutenir une justice libre et autonome.

Un tel environnement n’est pas de nature à permettre l’indépendance et l’impartialité de notre système judiciaire à l’heure où il est appelé à jouer pleinement son rôle dans la lutte contre la corruption et l’impunité.

En effet il est essentiel que les juges puissent instruire les dossiers en ayant comme seuls guides la constitution et les lois de la République. C’est pourquoi nous condamnons toutes pressions et/ou intimidations et toutes les tentatives de corruption en direction du corps judiciaire et nous appelons ce dernier à dénoncer publiquement toutes tentatives de ce genre pour que les personnes qui s’y livrent fassent l’objet des poursuites pénales et de l’opprobre populaire.

Le temps est venu pour que l’indépendance de la justice soit le principal élément de la lutte contre la corruption.

Nous dénonçons également l’interprétation erronée des dispositions légales consacrant la collaboration entre les pouvoir exécutif et judiciaire dans le but d’avoir une main mise « protectrice » de certains dossiers et « répressives » sur d’autres.

La Campagne « Le Congo n’est pas à vendre » demande à la justice de se saisir de l’ensemble des dossiers liés à la corruption et au détournement des deniers publics. Voici à titre illustratif certaines de ces affaires tel que rappelé dans son dernier communiqué :

1.   Les détournements orchestrés à travers la BGFI Bank révélés par les Lumumba papers, y compris ceux à la CENI. Aujourd’hui il n’existe aucune poursuite sur le sujet en RDC.

2.   Les transactions minières et pétrolières du réseau de Dan Gertler, sanctionné aux États Unis pour corruption mais toujours libre d’opérer en RDC.

3.   Le dossier lié à l’entreprise EGAL qui porte sur près de 80 millions de dollars et qui dans son conseil d’administration comporte des personnalités proches de l’ancien régime.

4.   Le contrat léonin des passeports congolais parmi les plus chers au monde, où 1/3 du prix irait auprès des personnes privées réputées membres de l’ancienne famille présidentielle.

5.   Le dossier Bukanga Lonzo, où près de 150 millions ont été soi-disant investis dans la création d’une ferme agro-industrielle qui n’a jamais vu le jour.

6.   Le barrage de Busanga dans le Lualaba, où une part importante de l’actionnariat étatique se retrouve entre les mains de Congo Management, une entreprise privée dont on ne comprend pas le rôle.

7.    Le contrat conclu (et le contrat à conclure) pour le port en eau profonde de Banana. Les “Banana port papers” (www.bananaportpapers.info/index.html) suscitent des sérieux   soupçons sur la corruption et l’enrichissement personnel des membres de l’ancienne famille présidentielle. Des négociations seraient actuellement dans la plus grande opacité dans un dossier si important pour le Congo (cf communiqué CNPAV du 20 11 2019).

La corruption tue et elle risque de tuer notre Justice si celle-ci ne fait pas son travail en toute indépendance et avec rigueur.