Djugu: depuis le début des violences, au moins 701 personnes tuées, les corps de nombreuses victimes mutilés, certains démembrés et emportés par les assaillants

ACTUALITE.CD

Depuis décembre 2017, la province de l’Ituri, et plus spécifiquement le territoire de Djugu, 

au moins 701 personnes ont été tuées, 168 autres blessées, d’après plusieurs enquêtes menées par le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme (BCNUDH). L’ONU rapporte également que 142 personnes ont été victimes de violences sexuelles dans ce contexte qui rapporte aussi au moins 218 cas d’extorsion, de pillage et/ou de destruction de maisons, écoles et centres de santé dans différents villages dans ces violences qui ont affecté aussi le territoire voisin de Mahagi. 

Dans un rapport publié ce vendredi, l’ONU dit que les corps de nombreuses victimes ont été mutilés et certains démembrés et emportés par les assaillants.

« Ces attaques semblent avoir été planifiées et organisées dans le but d’infliger des pertes graves et un traumatisme à long terme aux membres de la communauté Hema vivant dans le territoire de Djugu afin de les empêcher de retourner dans leurs villages et de pouvoir ainsi prendre le contrôle de leurs terres. L’un des enjeux majeurs du conflit est en effet le contrôle des terres par les Lendu », dit le BCNUDH qui ajoute  ces violences « pourraient présenter des éléments constitutifs de crimes contre l'humanité» voire de «crime de génocide». 

Le bilan sur le plan humanitaire est également lourd. Près de 57.000 personnes se seraient réfugiées en Ouganda et plus de 556.356 autres se seraient déplacées vers les territoires voisins et à proximité de la ville de Bunia depuis février 2018. 

« Vu l’ampleur des destructions matérielles et l’insécurité qui prévaut dans les zones affectées, un retour à court terme n’est pas envisagé par les déplacés qui ont perdu tous leurs biens et autres moyens de subsistance », ajoute le BCNUDH.

Les premières attaques étaient attribuées aux personnes venant des zones habitées par des Lendu. Au fil du temps, l’ONU a pu attribuer conclure ces violences à une organisation présentant des caractéristiques d’un groupe armé.

Les forces de défense et de sécurité congolaises déployées dans la zone à partir de février 2018 pour rétablir la sécurité ont aussi commis de nombreuses violations des droits de l’homme que le BCNUDH dit avoir documenté. 

Entre 1999 et 2003, la province de l’Ituri avait été l’épicentre d’affrontements violents et de massacres entre les communautés hema et lendu. 

Selon le bilan établi par les Nations Unies, entre janvier 2002 et décembre 2003, environ 8,000 civils ont été victimes de meurtres, plus de 600,000 civils ont fui leurs villages d’origine, des milliers d’enfants âgés de 7 à 17 ans ont été enrôlés de force ou volontairement par des groupes armés, d’innombrables femmes ont été enlevées et ont été victimes de violences sexuelles, et des villages entiers ont été détruits.4 Le conflit intercommunautaire a pris des allures politiques et économiques dans tout l’ensemble de l’Ituri.