Le calvaire des enfants déplacés de Djugu à Bunia:  “Pour ces fêtes, nous aussi voulons manger de la viande cette fois-ci”

Ph. Frank Assani

Alors que plusieurs habitants de la ville de Bunia et ses territoires se mobilisent pour la célébration du nouvel an ce mercredi 1er janvier, des milliers de déplacés qui avaient fui à partir de décembre 2017 les violences de Djugu vivent dans des conditions précaires pendant cette période de festivités.

Ce mardi 31 décembre,  ACTUALITE.CD est allé à la rencontre des enfants dont les parents ont été tués pendant ces évènements. Ils sont actuellement hébergés dans le centre de l'orphelinat Saint-Kizito. D’autres enfants sont dans d’autres sites des déplacés situés en plein cœur de la ville de Bunia notamment près de l'hôpital général de référence et de l'institut supérieur pédagogique « ISP ».

Dépourvus d’assistance humanitaire, ces enfants disent être abandonnés durant cette période des fêtes. 

« Nous avions très mal fêté le jour de la Noël et ca sera la même chose le 1er janvier. Personne ne se soucie de nous.  Nous sommes aussi les enfants de la RDC, pourquoi nous traiter comme ça ? Nous demandons à l'Etat congolais de nous venir en aide urgemment. Il y a aussi les frais scolaires pour le peu qui vont encore à l’école », s'indigne Irène Ngabusi, représentante des enfants déplacés à l'orphelinat Saint Kizito.

« Comment allons-nous dire que la fête se déroule bien alors que nous sommes dans un camp ? Pour mieux fêter il faut être chez soi. Nous manquons de tout. C’est impossible de fêter même ici. Le gouvernement provincial ne fait rien pour nous depuis que notre Gouverneur a été invité à Kinshasa. Nous demandons au président Félix Tshisekedi de le faire revenir rapidement pour nous assister », déclare Thierry, un des déplacés dans le site de l'hôpital général de référence de Bunia.

« Nous fêtons ventre creux, nous manquons à manger et personne ne nous assiste. Même les ONG, ça fait deux semaines depuis qu'elles étaient venues nous distribuer des vivres. Là en tout cas nous ne voyons pas l'importance de la fête », confie Josaphat.

« Nous ne voulons même pas que vous puissiez nous parler de cette fête car personne n’en bénéficie dans notre site ici. C'est plutôt des misères que nous sommes en train de traverser ici », témoigne Musafiri Elizabeth.

« Pour qu'on puisse bien fêter, il nous faut des moyens notamment pour acheter les habits à nos enfants et aussi bien manger ce jour-là mais nous sommes abandonnés à notre triste sort par des autorités compétentes voir même les hommes ou femmes de bonne volonté. Nos prévisions sont déjà épuisées, ça fait plus d'une semaine et nous mangeons difficilement actuellement. Nous sollicitons l'implication du gouvernement provincial que centrale pour les assistances surtout l'argent pour qu'on s'achète nos besoins », souligne Rebecca.

« Pas des nourritures le jour de la Noël et jusqu'à présent, nos autorités restent silencieuses pour la fête de nouvel an. Nous voulons manger de la viande cette fois-ci et se réjouir comme les autres en tout cas », réagit, pour sa part, Tibasima Constant.

« La situation est compliquée ici, nous n'avons pas à manger pour cette fête. Les enfants nous demandent du riz. Nous voulons que les autorités de la Province nous assistent avec des vivres pour la fête de nouvel an »,  insiste Lona Gérard, conseiller au sein du comité directeur des déplacés dans le Site de l’ISP.

Les autorités concernées n'ont pas encore réagit. Les violences armées ont refait surface dans le territoire de Djugu depuis fin novembre 2019. Une cinquantaine de civils ont été tués par un groupe armé identifié comme " Codeco".

Franck Asante, à Bunia