Le député Gratien de Saint-Nicolas Iracan est opposé à la ratification du projet de loi relatif à la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF). L’élu de Bunia, dans l’Ituri, soutient que passer à la ratification de ce projet, en ce moment, c’est « détruire la faible économie congolaise ». Il s’appuie sur la faible production, la non-industrialisation du pays et sur le fait que le budget est essentiellement basé sur les taxes aux frontières pour justifier sa position.
« Ratifier le projet de loi relatif à la Zone de libre-échange continentale africaine revient tout simplement à détruire la faible économie congolaise, déjà à problème ! La RDC sera un vaste marché de consommation où toutes les productions des pays africains émergents y seront déversées. Il n'y aura pas échange parce que le Congo ne produit presque rien. L'exemple est celui du maïs importé des pays voisins pour servir le Katanga », a dit le député Gratien de Saint-Nicolas Iracan.
Et d’ajouter :
« Le libre-échange convient pour les pays industrialisés où les productions sont fortes et diversifiées, réparties pour la consommation. Notre pays est encore non industrialisé et mérite une économie basée sur le protectionnisme. Nos faibles productions doivent être protégées, dans le cas contraire, concurrencées ou même submergées par les productions étrangères. Tels sont les cas du ciment gris et les produits agroalimentaires importés, qui mettent en danger les productions locales », a estimé le député.
Il estime que le pays se présentera en « consommateur » dans cette zone et non en « producteur ». De là, il émet sa crainte de voir le budget de 10 milliards USD ne pas être atteint avec ce libre-échange, car, couvert essentiellement par des taxes aux frontières.
« Ratifier ce projet de loi, c'est partager la richesse congolaise sous une nouvelle forme, contrairement à la volonté des Congolais suite à la proposition de l'ancien président français Nicolas Sarkozy, qui avait émis la proposition à la RDC de partager ses richesses avec les autres pays, en mars 2009. Partant de son immensité, la RDC sera un marché de consommation à tous les pays africains et non l'inverse ! Le budget de 10 milliards pour l'année 2020 est couvert à une grande partie par les taxes aux frontières. Réduire les barrières douanières à travers ce projet de ratification, revient à réduire les prévisions de recettes, et donc une impossibilité d'atteinte de la croissance en 2020 telle que souhaitée par le président de la République », pense-t-il.
Présenté et défendu par le ministre du Commerce extérieur, Jean-Lucien Busa, mardi 10 décembre dernier, le projet de loi de ratification de la Zone de libre-échange continentale africaine a été déclaré recevable par la chambre basse du parlement et envoyé à la commission mixte Ecofin-Relations extérieures pour des études approfondies.
Berith Yakitenge