RDC : reprise timide des activités à Goma, après une journée ville morte transformée en manifestation de colère

ACTUALITE.CD

Les activités ont repris timidement en début d'après-midi, ce vendredi 29 novembre, à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu. Depuis tôt le matin, certains jeunes avaient transformé la journée ville morte décrétée par la société civile en une manifestation de colère.

À Majengo et à Buhene, plus au nord de la ville, et à Katindo, à l'ouest, la police a utilisé des gaz lacrymogènes et des tirs de sommation pour disperser les manifestants. La circulation a repris sur tous les axes et les commerces ont depuis rouvert.

La société civile du Nord-Kivu, selon Vicar Batundi Hangi, 1er vice-président de cette structure, a décrété cette journée ville morte pour « pousser le gouvernement congolais à assumer ses responsabilités en imposant la paix à Beni et sur toute la partie Est de la RDC et de demander au Conseil de sécurité de l'ONU d'adopter une résolution qui garantit l'engagement de la MONUSCO d'éviter de demeurer observateur des massacres à Beni et de rassurer l'activation sans délai et sans condition de la brigade d'intervention pour soutenir les FARDC, tout en accélérant le plan de départ de cette force onusienne, selon la volonté de la population ».

Le mouvement citoyen Lutte pour le changement (LUCHA) RDC-Afrique indique avoir enregistré le cas d’interpellation de 3 de ses militants ainsi que 35 étudiants par la police au cours des manifestations de ce vendredi.

La société civile félicite la population de Goma pour avoir respecté son mot d'ordre en guise de compassion aux victimes de Beni où au moins 81 civils ont été tués depuis le 5 novembre, en territoire de Beni (Nord-Kivu), d’après les statistiques fournies par Kivu Security, un projet commun du Groupe d’Etude du Congo (GEC) et Human Right Watch (HRW).

« Nous saluons toute la population. C'est un signe de compassion, de solidarité aux victimes des massacres à Beni. Nos populations sont en train d'être tuées. Nos mamans sont égorgées. Nos enfants sont décapités. Les femmes enceintes éventrées. C'est intolérable. C'est ce qui nous a poussé à lancer cette journée ville morte qui, heureusement, la population l'a bien respectée. Nous savons qu'à Goma, les gens vivent au taux du jour mais les gens se sont dit trop c'est trop. Quelle que soit la famine qui nous accable, nous allons rester à la maison pour compatir avec la population de Beni qui est en train de souffrir. Plus de 4 ans des massacres, c'est trop. Ça doit cesser », a ajouté Vicar Batundi. 

La situation sécuritaire est restée tendue à l'Est du pays depuis le début de la semaine. De nombreux habitants de Beni ont manifesté, lundi 25 novembre, contre la Monusco, dénonçant l’inaction supposée des Casques bleus alors que les massacres se multiplient dans la région. La mairie de Beni a, par ailleurs, été incendiée par les manifestants.

Jonathan Kombi